Cité de la gastronomie

18 Fév 2020

MANQUE DE CUISSON

LA CITÉ INTERNATIONALE DE LA GASTRONOMIE SEMBLAIT TAILLÉE SUR MESURE POUR LA CAPITALE DES GAULES, ÉLITE DE LA RIPAILLE. SAUF QU’ON EST RESTÉ SUR NOTRE FAIM, L’ESTOMAC GARGOUILLANT… ON VOUS EXPLIQUE POURQUOI.

En octobre dernier s’ouvrait à Lyon le premier des quatre établissements du réseau des Cités internationales de la Gastronomie, ces équipements culturels et d’éducation visant à mettre en valeur le repas gastronomique des Français, inscrit à l’UNESCO. A chaque ville, Paris-Rungis, Dijon et Tours, sa propre thématique. Lyon s’est vue charger d’«éclairer les liens entre Alimentation, santé et nutrition». Dont acte. L’addition, elle, a été réglée par l’Etat, la Métropole et la Ville de Lyon, ainsi que 11 mécènes ayant financé 11 des 20 millions d’euros requis. A la manœuvre, le groupe espagnol MagmaCultura. Pour le dressage, l’agence britannique Casson a réalisé la scénographie des 4 000 m2 se décomposant en six espaces du parcours permanent et des expos temporaires. Passons à la dégustation…

BON APPÉTIT… D’OISEAU !

De façon générale, le choix de contenus qui a été fait vise le très grand public. Les plus avertis auront du mal à se sustenter de ce qu’on leur sert. Précisons que nous n’avons pas testé le volet «dégustation» de la Cité, dégustation qui n’est pas distillée au cours de la visite, mais qui fait l’objet d’espaces à part, sous les toits, en compagnie des chefs. Pour profiter de leur science, les voir travailler et goûter à leurs plats, il faut ajouter 12 € au prix de l’entrée qui est déjà de 12 €, et se pointer aux bons horaires. La visite simple, elle, ne sollicite guère les sens. Aïe !
Alors certes, l’emballage est beau, la Cité a pris ses quartiers dans la partie la plus ancienne du Grand Hôtel-Dieu datant du XVIIe siècle, mais l’approche retenue par la Cité -à la fois musée, lieu d’expo, de conférences et table- accentue l’impression de saupoudrage, renforcée par un recours excessif au numérique. Dès l’inauguration, les discours prévenaient que le lieu «allait monter en puissance», qu’il convenait de «l’inventer ensemble», forme d’aveu sur l’incomplétude du format de démarrage.

©Thierry Fournier/Métropole Lyon
© Geoffrey Reynard

SAUTEZ L’ENTRÉE !

Dans la première salle «Bon appétit !», on slalome entre les silhouettes en carton de la Mère Brazier, de Paul Bocuse sur lesquelles il faut se courber pour déchiffrer des textes. Gadgets recréés en version arts plastiques cheap, assiettes de dînette toc où figurent des recettes cultes de chefs de la région et faux bruits de mijotement: navrant. Vite, passons à la suite.
On progresse dans le magnifique bâtiment chargé d’histoire et justement, on tombe sur la collection des pots d’apothicaires des Sœurs qui préparaient potions et médicaments pour les malades de l’Hôtel-Dieu, mais aussi pour les Lyonnais jusqu’en 1942, année de sa fermeture. Ce sera le seul vrai espace muséal du parcours. Des instruments médicaux anciens servent à évoquer, rapidement, l’excellence de la médecine lyonnaise et de ses ténors : Marcel Mérieux et sa microbiologie, Etienne Destot, père du premier service français de radiologie… Peu de liens sur l’alimentation et la santé, un peu d’histoire sur feu l’hôpital et c’est déjà fini.
Dans l’espace «A table !», qui présente les produits du terroir rhônalpin dans une ambiance «marchés», les installations vidéos empiètent les unes sur les autres. Trop de bruit. Des quizz, des recettes sous forme de jeux. La Cité semble avoir une peur bleue d’ennuyer et préfère zapper, surjouer le ludique. Sauf qu’on n’a pas 5 ans.
Dans la salle du Conseil, le visiteur est invité à s’asseoir pour feuilleter une gazette, tapoter sur des tablettes et découvrir des interviews d’experts sur l’alimentation de demain. Dans une aile voisine, «l’Atlas mondial de la gastronomie» prend la forme d’une ribambelle d’écrans tactiles. Les thématiques développées sont intéressantes, comme ce chapitre consacré à la représentation de banquets historiques tels que les peintres les ont croqués au fil des âges. Pourtant, l’absence de supports autres que tactiles, nul tableau ni tapisserie, décourage de creuser le sujet.

MINI LAS VEGAS

Une volée de marches plus loin, voilà la Gastroludothèque. Miam ! Miam ! Réservée aux enfants. Couleurs artificielles, lumières crues, écrans géants… D’accord, il y a de l’interactivité, mais quelle drôle de représentation de l’alimentation, quasi uniquement design, voire plastique, à transmettre aux bambins !
Verdict ? La Cité de la gastronomie souffre des mêmes tares que l’Hôtel-Dieu : un site lisse, formaté, commercial, surtout destiné aux touristes, à la clientèle business. Mais les artisans du projet, encore en rodage, ont conscience de ses limites et s’activent à lui donner plus d’épaisseur. Des chefs et pays invités doivent notamment pimenter l’offre. Attendez donc encore un peu avant de vous y rendre.

 

+d’infos : http://citegastronomielyon.fr

 

Estelle Coppens

Estelle Coppens

Journaliste
SURNOM : Calamity Jane PERSONNAGE DE FICTION : La même OBJET FETICHE : n'importe quelle fleur qui sent bon et qui me fait interrompre ma route, si j'en croise. Je ne comprends pas à quoi servent les fleurs sans parfum. Le grand créateur devait avoir le nez bouché ces jours-là. Vous trouvez que ce n'est pas très compatible avec les deux questions qui précèdent ? Vous avez raison. ADAGE : Quand la mer est calme, les bateaux avancent lentement... JE GARDE : Ma bonne humeur. Un truc, chez moi qui semble avoir le pouvoir de se reconstituer. Merci maman, merci papa. JE JETTE : Mon étourderie. Les Américains ont un plus joli terme, et je les en remercie : le daydreaming. Beaucoup plus poétique. DANS 20 ANS : J'aurai toujours aussi peu de notion du temps, celui auquel on devrait arriver et fatalement, partir. Celui qui passe aussi, c'est l'avantage.

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