design – Claude et Fabio Colucci –

4 Nov 2019

tu quoque fili*

PARCE QU’IL SERAIT TROP INJUSTE D’AVOIR ENDURÉ 6 ANS DE VERSIONS ET THÈMES EN LATIN, SANS POUVOIR, AU MOINS UNE FOIS, ÉTALER SA SCIENCE, JE REMERCIE LES COLUCCI PÈRE ET FILS, DESIGNER ET ARCHITECTE D’INTÉRIEUR GENEVOIS, DE M’OFFRIR L’OCCASION DE CASER CE TITRE. ET MERCI À CÉSAR AUSSI, RENDONS-LUI QUAND MÊME CE QUI LUI APPARTIENT.

Claudio Colucci et son fils Fabio

Mais si, rappelez-vous : César, sur le point d’encaisser son 23e et fatal coup de couteau, se serait tourné vers son fils plus ou moins adoptif, Brutus, à l’autre bout dudit couteau, pour lui dire : *“Toi aussi, mon fils…” et s’il avait pu finir sa phrase : “…tu m’as trahi”. Claudio Colucci n’est pas César. Mais il a, avec lui, quelques points communs : leur père sont italiens – oui, c’est maigre, mais il faut bien que je justifie mon titre ! -, ils ont tous les deux de l’ambition et le goût des voyages. Quand l’Imperator faisait cap vers l’Afrique quelques décennies avant Jésus-Christ, c’est en Asie, au Japon et en Chine, que, dès les années 2000, le designer pose ses valises et son regard curieux. Un regard rieur aussi, et amusé de tout, qui rend finalement inepte toute comparaison entre le facétieux créateur romand et l’inflexible général romain.
Fabio Colucci, lui, n’est pas Brutus. Il n’a d’ailleurs strictement aucun point commun avec lui -j’ai bien relu tout Astérix- et ce n’est pas une histoire de trahison qui le relie à la figure paternelle, mais une histoire de passion : l’envie commune de raconter une histoire à travers des objets et des lieux. Toi aussi mon fils… Tu vas créer avec moi.

la chaise Petit Cœur et Assiettes Vib
Collection bureau pour le studio design Corian® à Pekin

ATTENTION ! CONVOI D’ACRONYMES

Ce n’est pourtant pas en regardant travailler son père que Fabio a trouvé sa vocation. Il s’est d’abord rêvé dessinateur chez Disney, puis astronaute, avant de se dire que finalement, “imaginer le monde qui nous entoure, c’est plutôt sympa”. Il s’y attelle donc en intégrant d’abord l’Ecole Polytechnique de Lausanne (EPFL), “mais ça manquait de créativité”, puis en bifurquant vers l’Ecole Cantonale d’Art (ECAL), “mais c’était trop conceptuel”, avant d’en discuter plus ouvertement avec Claudio, de découvrir la dimension internationale de son activité et de trouver sa voie : celle de l’architecture d’intérieur à la Haute Ecole d’Art et de Design (HEAD) de Genève. Il aurait ensuite pu partir rouler sa bosse… “On ne voulait pas de lui”, rit Colucci Senior. «Va te casser les dents ailleurs et reviens quand tu seras formé !», c’était l’idée… et puis non…” Un gros projet, sur lequel l’équipe de son père a besoin de renforts, le ramène dans le giron familial à peine diplômé.

Prime’s restaurant

COLU…CHINE

On est en 2011. A cette époque, Colucci Père vient de créer son agence genevoise, mais passe encore beaucoup de temps dans les avions. Conséquence de ses partenariats réguliers avec la marque de design japonaise Idées, depuis plus de 10 ans déjà, il a installé son QG à Tokyo. Il y pilote ses différentes -et prestigieuses- collaborations avec Christofle, Ligne Roset, Swarovski… Sa marque de fabrique? Un mélange de malice et d’humour, comme pour ce fauteuil transformable en lit, imaginé pour Habitat ; de couleurs et de sensibilité, rassemblées dans les assiettes Vib, conçues pour le chef triplement étoilé Alain Passard, avec qui il partage sa passion pour le pays du soleil levant ; des courbes, des arrondis, bref, un côté ludique et réconfortant qui font que les objets qu’il crée donnent le sourire.
Mais il a la bougeotte. Et à chaque voyage ou presque, il ouvre une agence, à Pékin d’abord, puis à Shanghaï : “j’aime cette immersion, la proximité avec les artisans et l’industrie, c’est une autre façon de vivre l’aventure. Avec Fabio et l’équipe, on échangeait à coup d’esquisses entre deux vols, grâce aux nouvelles technologies, on arrivait même à faire des brainstormings à distance. Mais pour la Chine, on s’était dit 4 ans, comme pour une sorte de parcours diplomatique, sinon, on est tenté de rester plus longtemps. C’est d’ailleurs ce qui s’était passé pour le Japon… Et puis j’ai ressenti le besoin de me rapprocher de Genève. Personnellement, j’avais envie d’être en famille, de ne plus passer à côté de certaines choses; et professionnellement, je voulais me recentrer, être plus proche de la création et du pilotage des projets, qui se font ici. ”

Banc Mutant

FAMILLE À HISTOIRES

D’autant qu’en Suisse, il y a tout à faire. “Dans ce contexte genevois calviniste, rigoureux, explique Fabio, notre volonté c’est toujours de sortir de l’ordinaire, d’être plus créatif, de faire changer les mentalités, et c’est un vrai challenge ! Parce qu’il faut commencer par faire connaître notre métier, car finalement, les gens pensent facilement aux architectes et aux décorateurs, mais pas à l’entre-deux. On se bat donc pour le faire connaître aux institutions et au public.” En s’impliquant notamment dans la transmission, auprès des étudiants, dans les écoles comme la HEAD.
Ce mélange des générations, entre le père, le fils et les étudiants qu’ils embarquent dans leurs projets, est une de leurs spécificités. Mais leur force, c’est la complémentarité de leurs parcours, qui leur permet de tout dessiner, du mobilier à l’aménagement de l’espace. Comme ce fut le cas pour ce bar sportif dans le complexe de Vernets (GE), pour lequel ils ont imaginé la décoration, mais aussi conçu les tabourets avec leurs selles de vélo, ou les claustras en raquette de tennis, crosses de hockey et ballons de foot, ces derniers faisant penser à de gigantesques bouliers. Et donc, forcément… à l’Asie ! “On puise dans la richesse de chaque pays et on la met à notre sauce, on la passe au filtre Colucci, conclut Claudio. Cette dimension multiculturelle, ce croisement, c’est la Suisse et ça correspond aussi à notre identité. Et ce qui nous distingue au-delà de l’esthétique, c’est le story-telling, nous sommes plus comme des romanciers ou des metteurs en scène, c’est l’histoire qui prime.” Finalement, c’est peut-être ce qui lui a manqué à Brutus, que César lui raconte des histoires…

Banc Temps d’interrogation

http://colucci-design.com

Père et fils

Si vous étiez un objet ?
Fabio :
une montre, j’aime sa complexité, la mécanique, la finesse, la petitesse des objets, le nombre de personnes qui travaillent dessus…
Claudio : un smartphone, pour être intelligent et prétendre un jour à l’immortalité !

Si vous étiez une époque ?
Fabio :
le Siècle des Lumières, pour tout ce qui était découvertes, la manière dont elles étaient vécues à l’échelle humaine, palpables. Aujourd’hui, on est dans la micro technologie. A partir de quelle génération après nous, les gens vont-ils revivre de grandes découvertes ? C’est assez bouleversant et très stimulant… Claudio : j’en serais deux. La première, j’ai un peu de peine à l’avouer, ce sont les 70’s et l’avènement du plastique avec ses formes incroyables et toute une esthétique très intéressante, mais si je parle de plastique aujourd’hui… Alors je dirais : celle que je ne connais pas encore et qui va me surprendre.

Si vous étiez un matériau ?
Fabio :
le bois, qui met des siècles à grandir, que l’homme est capable de manipuler et transformer. Il n’y aura bientôt plus de sable, donc c’est la fin du béton, le bois va connaître de très belles évolutions, on va revenir dessus.
Claudio : le verre. C’est un matériau dont j’aime la noblesse, il m’étonne toujours par sa transparence, j’adore aller à Murano, voir sa transformation spectaculaire, la plastique, la marge d’erreur, ce mélange de puissance et de fragilité.

Si vous étiez un autre designer ?
Fabio, se tournant vers Claudio :
toi… Vraiment. Ce partage, cet échange, l’histoire que tu racontes sur chacun des projets, les voyages, les rencontres, ça m’inspire toujours.
Claudio : difficile de répondre après ça… Alors je vais feinter, j’aurais voulu être réalisateur pour raconter des films, je me lancerais dans le cinéma.

Un défaut que vous lui enviez ?
Fabio :
il a toujours une espèce de facilité, même quand on est dans le dur, dans la gestion du projet au quotidien et que ce n’est pas toujours simple, il prend les choses avec légèreté, et quand on est en train de se battre derrière, c’est parfois un peu compliqué…
Claudio : je dis souvent que j’ai les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, mais parfois mes pieds ne touchent plus terre ! Toi, pour l’instant pas de défauts enviables, mais tu en as que je n’aimerais pas avoir !

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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