Planches au pied
Au royaume de la fondue, les excès sont rois ! Ayant déjà maintes fois concouru pour miss raclette mention supplément charcut’, l’hiver qui s’installe a de quoi faire encore certains ravages. C’est là que je l’ai vu avec son allure surannée et son charme d’antan : Le skieur de télémark. En voilà une idée…
Entre deux terrasses plein sud, j’ai pris un télésiège et fait deux descentes (des bleues) à tout casser. Ce n’est pas vraiment ce que les puristes appellent faire du ski. C’est que je me lasse vite, j’ai besoin de nouveauté, de folie, de défi ! Allez, je me la tente cette expérience de télémark, depuis le temps que je les regarde ces skieurs d’une autre époque avec leur élégance désuète.
DÉMARQUÉE
Ça tombe bien, revenue en force il y a quelques années, il n’y a pas une station qui ne propose pas de s’initier à cette pratique. Ancêtre du ski, né au 19e siècle en Norvège, le télémark (outre quelques fiestas du côté de La Clusaz) nous rappelle forcément la photo noir et blanc d’une skieuse en jupon. Spécificités du genre : le talon n’est pas fixé à la planche et le mouvement de base s’appuie sur la génuflexion. Amen. À l’arrêt, ça passe, je m’exerce à faire de grandes fentes comme sur un tapis de gym pour intégrer la posture de base. Un pied en avant, l’autre en arrière décalé, de sorte à avoir un pied d’écart entre son talon et ses orteils. Eh oui, je vous entends : “quand même, ça fait bas tout ça et il y a un moment où il va falloir se relever…” Priez pour mes articulations !
MAIS PAS PIED AU PLANCHER
Pas de mystère, avoir déjà un bon niveau de ski est un préalable facilitant, pour le moins. Parce que côté équilibre, c’est quand même sacrément chaud. A basse vitesse -un peu plus, il faudrait que l’on me pousse– je m’élance donc un pied en avant, l’autre en amont de la piste à perpète les oies, les bras très écartés pour faire balancier (j’ai l’air d’une autruche qui essaye de décoller), et tente de glisser. En ligne droite passe encore, mais le principe du ski étant tout de même de faire des virages, il va falloir que je pense à tourner. Instabilité maximale, je relève le buste et les jambes pour tenter le transfert du poids du corps, et m’étale. Puis recommence inlassablement, frétillant du mollet, avant de parvenir à esquisser quelques courbettes qui sont loin d’avoir la grâce espérée. La position commence très vite à m’enflammer les cuisses, tandis que mes genoux grincent à chaque changement de position, suivis de micro-craquements suspects m’arrachant de petits cris de frayeur. Pourvu que ça tienne. Je glousse plus que je ne performe (vous vous en doutiez ? Etrange…), mais arrive à me satisfaire de deux ou trois enchaînements moins chaotiques que les autres. Une heure plus tard, j’ai l’impression d’avoir tout donné, je l’ai bien méritée ma fondue au soleil. Avec supplément champignons et un Apremont pour la dame de la 21. Oh joies du ski !
©DR-Coupe de France de Télémark/Passy-Mont-Blanc.com