films are my reality
Cantonné aux tâches domestiques pendant que sa femme travaille, il ne pige rien aux devoirs de maths, ni aux humeurs de son ado, encore moins aux babillages du petit dernier. Pour son retour sur les écrans, M. Indestructible est un héros super… réaliste. A l’image du cinéma d’animation dans sa globalité, il continue à faire rêver, mais reflète les évolutions de la société.
Bob Parr (pour les non-initiés : le fameux M. Indestructible), en special guest stars du Festival International du Film d’Animation : Moïse, Donald Trump, mais aussi la prostitution et… le vaginisme. Parce qu’il n’y a pas que les princesses dans la vie ! Les sélectionneurs ne s’en cachent d’ailleurs pas : ils cherchent toujours à faire découvrir ce qui sort des sentiers battus. Il n’en reste pas moins, comme le constate Patrick Eveno, Directeur du Festival, que “le film d’animation est un genre en prise avec l’actualité. Le lien entre les deux est de plus en plus évident. C’est une tendance assez récente. Il y a quelques années, Valse avec Bachir a ouvert la voie et fait la démonstration que l’animation n’était pas réservée qu’aux enfants, qu’elle pouvait donc s’ouvrir à des thématiques que la série télévisée ne permettait pas.”
MIROIR À FACETTES
Nous interrogeons notre rapport à l’environnement ? Nous nous questionnons sur les dérives de la mondialisation, les travers du capitalisme, la dictature des nouvelles technologies ou les perspectives de reconversion professionnelle pour les cigognes livreuses de bébés ? L’animation s’en fait l’écho.
Elle reflète aussi les tendances qui traversent la société, en donnant davantage la parole aux différentes voix qui la composent, «minorités» ethniques, religieuses ou sexuelles. Si les héros animés prennent ainsi de la couleur, des accents ou des formes, c’est surtout parce que, derrière la caméra, s’exprime de plus en plus de diversité. Preuve en est : plus de 93 nationalités sont représentées cette année à Annecy, pour donner, du Monde, des perceptions bigarrées. United Colors of Animation.
FEMMES, JE VOUS A(N)IME
Mais, pour cette édition 2018, le fait de société dont l’écho retentit le plus fort au sein du monde de l’animation, c’est le débat sur l’égalité entre les sexes. “Ce qui est remarquable, c’est l’augmentation des étudiantes dans les filières de l’animation qui commence à porter ses fruits”, s’enthousiasme Laurent Million, du comité de sélection du Festival. “On croise ainsi de plus en plus de réalisatrices…” Les femmes s’animent – c’est d’ailleurs le nom d’une association française de professionnelles du secteur – et elles y sont encouragées : pour la 1ère fois cette année, le MIFA Animation Industry Award, créé en 2015 pour mettre en avant des personnalités ayant contribué à l’évolution de cette industrie, ne sera pas décerné à une personne mais à une organisation, Women in Animation, qui “aspire à un monde dans lequel les femmes auraient toute leur place dans l’animation, que ce soit en matière de création, de production ou de récompenses”. A force d’aspirer, on va bien finir par souffler. Non ?
D’autres ne soufflent pas encore non plus. Alors cette année, aux côtés d’Elastigirl, Mme Indestructible, en special guest star pour monter les marches de l’Impérial : une petite Afghane qui se fait passer pour un garçon afin de duper les Talibans, des femmes dans l’univers carcéral, les combats pour les droits LGBT et le conflit israëlo-palestinien… Si le cinéma d’animation montre ce qui change, il donne aussi à voir ce qui reste à changer.
©FINTA
