les Z & leur job

8 Oct 2020

WORK IN PROGRESS ?

EN 2020, LES Z REPRÉSENTERAIENT UN QUART DES EFFECTIFS EN ENTREPRISE. AVEC L’ARRIVÉE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL DE CETTE GÉNÉRATION HABITUÉE À L’IMMÉDIATETÉ, AU JEU ET AU ZAPPING, LE MONDE DU TRAVAIL, ET LES X QUI EN TIENNENT LES RÊNES, N’ONT PAS D’AUTRE CHOIX QUE DE SE REMETTRE EN « CAUZE ».

Quelques décennies et des ambitions contradictoires nous séparent : les X ont beaucoup misé sur leurs diplômes et bâti des plans de carrière, quand les Z préfèrent valoriser leur savoir-faire et se sentir libres de changer de parcours. “Mais nos générations sont complémentaires et se trouvent réunies autour d’une même motivation : la passion !” s’enthousiasme Rebecka Coutaz, 50 ans, directrice du studio de création de jeux vidéo annécien Ubisoft, au sein duquel collaborent X et Z. “Engagement et esprit collectif sont les deux qualificatifs qui me viennent à l’esprit quand je pense à la génération X. Les personnes issues de cette génération ont développé des capacités de débrouillardise, d’autonomie et d’adaptabilité malgré de nombreux évènements sociaux remettant souvent en cause le marché du travail. La génération Z, elle, est agile et apprend vite grâce à son ultra connectivité aux multiples sources d’informations disponibles aujourd’hui. Cet accès à tout les rend très exigeants. Ils poussent les entreprises à donner du sens à leurs missions et à s’engager plus pour leur offrir un cadre de travail où le bien -être, la diversité, le mécénat, et les actions de responsabilité sociétales et environnementales sont clés.

Rebecka
Chloé
Elodie

VALEURS AJOUTÉES

«Donner du sens», voilà bien l’une des priorités d’Elodie, 22 ans, content manager (en français, responsable de contenu digital) pour une PME lyonnaise, après un cursus aux Gobelins et plusieurs expériences professionnelles en Haute-Savoie. Son environnement professionnel idéal ? “Une petite entreprise de 3 à 10 personnes, pour rester un être humain parmi d’autres êtres humains, avec des missions et des valeurs qui me correspondent profondément. C’est primordial. Ecrire tous les jours pour vanter des idées que je ne partage pas, c’est sans moi !” “Là où les collaborateurs des générations précédentes cherchaient une rémunération, un emploi sécurisé et durable, rentraient en entreprise et y restaient parfois toute leur vie, les choses se sont recentrées, avec ces jeunes, autour du sens et des valeurs”, corrobore Jean-Edouard Décarroux, responsable du service Expérience Collaborateur et Pilotage RH au Crédit Agricole des Savoie. “Les Z ne viennent pas chercher un poste, mais une mission. Et s’ils ne sont plus alignés avec l’employeur, donc les valeurs de l’entreprise, ou le manageur, donc le sens de leur mission, ils peuvent partir facilement, même sans perspective d’un autre emploi derrière ! Responsabilité, solidarité, proximité et engagement pour le territoire… nous avons donc dû remettre nos valeurs en avant. Et même si nous remettons sans cesse en cause nos process RH depuis plusieurs années, la confrontation avec cette génération a accéléré notre réorganisation et l’ouverture sur l’expérience collaborateur, avec des projets tels que l’intégration après embauche, le fait de repenser le télétravail et la nécessité de leur donner de la visibilité sur leurs parcours de carrière. Ils ont besoin de voir, tout de suite, dans quel système ils évoluent et où ils peuvent aller.

FIDÈLES AU POSTE ?

44% d’entre eux ne savent pourtant pas s’ils souhaitent exercer le même métier toute leur vie1. Indécis les Z ? Dans un monde en pleine mutation, où rien n’est sûr, durable, prévisible, comment attendre d’eux qu’ils s’engagent ad vitam dans une entreprise et planifient une carrière sur le long terme ? C’est donc plus par nécessité que par choix qu’ils sont flexibles. “Les Z sont réalistes et prêts à faire avec la précarité de l’emploi. Un certain fatalisme sans colère, qui s’adapte à une société dans laquelle il faudra être prêt à rebondir professionnellement pour ne pas en être exclu2.” Ce que confirme Elodie, qui ne se projette pas à plus d’un an ou deux : “d’une part parce que j’aime faire bouger les choses, répondre à un besoin, et que j’ai le sentiment qu’au bout de 2 ans, tout a changé et que je peux apporter tout ça à une autre boîte ; mais aussi parce que j’ai envie d’avoir l’esprit ouvert sur plein d’organisations et d’univers différents. Le monde du travail évolue en permanence. Quel qu’il soit dans 15 ans, j’aurai donc acquis la capacité à m’adapter, parce que je vois trop de gens qui se retrouvent le bec dans l’eau.
D’autant qu’avec le développement de la robotique et de la réalité virtuelle, 85% des métiers qu’exercera cette génération n’existerait pas encore, souligne l’anthropologue Elisabeth Soulié dans son ouvrage «La Génération Z aux rayonsX» : “consciente de l’obsolescence des connaissances et des savoirs, des formations et des diplômes, cette génération a bien compris qu’elle ne pouvait s’enfermer dans un projet univoque et qu’il lui faudrait, pour survivre dans le futur, faire preuve d’agilité, d’adaptabilité et de flexibilité3.

QUESTION D’ÉQUILIBRE

C’est aussi pour développer leurs talents, éviter l’ennui et la monotonie au cours d’une vie ou d’une journée, que la Génération Z veut multiplier les expériences professionnelles. “Je suis du genre à tout donner ou rien”, confirme Chloé, 23 ans, UX designer pour Prismo, une start-up annécienne spécialisée dans les ressources humaines, “j’ai besoin de porter un projet, sinon, je me lasse très vite.” Elle y met donc de la passion, et comme 61% de la Génération Z, estime aussi que la qualité de vie est plus importante que le salaire (Etude Adecco – Qualité de vie au travail 2017). Elle n’est donc pas prête à sacrifier son équilibre ou sa santé pour le travail. “Mes parents me disaient : « tu travailles d’abord et tu trouveras ton épanouissement ailleurs, dans tes loisirs… ». Mais moi, vie perso et boulot sont perméables, parce que je n’ai pas le temps de faire les deux séparément. C’est parce que je suis bien au boulot que je rentre chez moi sans être frustrée. Ce n’est pas le salaire qui m’intéresse, je n’ai jamais roulé sur l’or, mais je veux m’épanouir ; ça n’a aucune valeur de gagner tant de K par an, si c’est pour finir en bore out ou en burn out. Je cherche plutôt à être fière de ce que je fais.” Et à prendre du plaisir, du fun, être stimulé, challengé professionnellement. Pour les Z, pas question d’être en sous-régime. “Dans l’entreprise actuelle, il y a une vraie déperdition des compétences, on n’en utilise pas 70% !”, constate Thomas Bonnefoy, le patron de Chloé, 5 ans de plus, et, derrière sa casquette et son bermuda, une vraie connaissance du monde de l’entreprise. “C’est frustrant pour une personne, si elle a envie de développer une compétence, de ne pas y faire appel. On n’est plus dans un monde où il faut attendre 2 ans pour dire ce qu’on veut faire dans une boîte.” Ce qu’a fait Chloé, dès son entretien d’embauche, et elle a été écoutée.

NI LIEU NI MAÎTRE ?

Mais pour faire exactement ce qu’on veut, la meilleure option reste encore de devenir son propre patron, ce dont rêveraient 25% des jeunes actifs Z1. “Pour eux, l’emploi, c’est comme la consommation, et comme sur leurs smartphones, ils swipent”, analyse Thomas Bonnefoy. “Les grandes boîtes les attirent moins, car le process est l’ennemi de l’immédiateté. A l’avenir, on aura donc plutôt de petites entreprises avec un cœur de métier et un réseau d’indépendants qui les accompagnent avec leur spécialité.” Mais être indépendant ne signifie pas travailler tout seul dans son coin. La génération Z est aussi la génération Co, comme collaboration et co-working, qu’ils plébiscitent à 58%1. Après avoir un peu roulé leur bosse, Chloé et Elodie, elles aussi, se voient donc, à moyen terme, monter leur entreprise. Mais certains, comme Maïlys Hernandez et Emmanuel Namer, n’ont pas attendu le nombre des années pour franchir le pas. A 20 ans, la 1re a lancé cette année à Tignes «Luge», une offre de livraison de repas à domicile. Le second, lui, a créé son agence digitale à Aix-les-Bains à 19 ans, en 2017, puis un centre de formation et de coaching en marketing digital, histoire d’accompagner d’autres entrepreneurs du haut de sa jeune, mais riche expérience. Finalement, à quoi ressemble-t-elle, l’entreprise idéale selon les Z ? “C’est la même problématique pour tous les jeunes”, résume Elodie : “On cherche la petite start-up cool, avec un baby-foot et des projets ultra-intéressants, mais ce qui compte, finalement, c’est l’humain.” Et contre toute attente, de l’humain, elle en a aussi trouvé au sein d’une grosse entreprise «traditionnelle», spécialiste des volets roulants, basée à Cluses. “On m’a confié des tâches valorisées, on m’a écoutée et impliquée, j’ai retrouvé les relations sociales type start-up, et il y avait même une table de ping-pong… C’est un cadre qui finalement, s’est avéré rassurant.” Comme l’est encore le CDI, qui, même s’ils pensent, pour la moitié, qu’il a vocation à disparaître, reste un objectif pour 69% des Z1… Compromis à l’horiZon ?

+ d’infos :
1 «Future of work : Quelles attentes de la Gen Z pour l’entreprise ?» – par Opinion Way et Mazars – Janvier 2019
2 «Génération Y et Z – Le Grand Défi Intergénérationnel» – Daniel Olliver & Catherine Tanguy – Ed. Deboeck supérieur – 2017
3 «La génération Z aux rayons X» Elisabeth Soulié – Ed. du Cerf – 2020

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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