tout un plat !
Y’a des jours, on a beau avoir tous les ingrédients et un bon coup de fouet, quand ça veut pas, ben ça veut pas ! C’est un mardi comme un autre, 18 heures bien tassées, j’ai encore du taf ras la passoire, trois courses à faire à l’arrach’ et la récup des p’tits au péri ! J’suis large, top chrono !
C’est toujours pareil, j’arrive le matin au boulot avec la ferme intention de ne pas me mettre dans le bouillon, je finis toujours en ébullition, to-do-list longue comme le bras et cerveau cramé. Il est l’heure, monseigneur, j’ai pas fini, tant pis, je n’vais pas non plus m’écailler le vernis ! Un stop éclair à la superette, pas le temps de compter fleurette, les bouchons me guettent, l’hypertension avec ! Une bonne remontée de bretelles plus loin, il est 18h31 quand j’arrive ventre à terre à l’école, un peu plus ils appelaient les flics pour oubli d’enfants, oui merci je sais, pardon, milles excuses Madame Thénardier. Il est 18h34, j’ai des envies de meurtre, un peu de musique pour détendre l’atmosphère, la radio passe le dernier JUL, mes fils font la roue, l’eau bout, moi aussi ! Je jette les gnocchis dans la cocotte, ramasse trois chaussettes, tire la chasse, mets le couvert, extirpe le bras du dernier coincé entre le canapé et le pied de l’aîné, et à table les monstres ! Ouf, le répit ! 5 secondes… le minus dégaine.
“Quoi ???? C’est pas des nokis à poêler ????? Mamie (la beldoche de préférence, ça énerve mieux), ELLE, elle fait TOUZOURS des nokis à poêler !!! En plus t’as pas mis du beurre salé, z’aime pas ton huile verte à l’olive, beurk, z’en veux pas.”
Partagée entre les lui faire engloutir à l’entonnoir en bourrant avec mes index pour être sûre qu’il mange, ou le laisser crever de faim, j’ai préféré m’imaginer hacher un steak façon tartare, en position du lotus, ça défoule et ça n’mange pas d’pain ! A demi-calmée… je lance “un p’tit yaourt peut-être ?” Miracle ! Ils sont contents ! Ils inspectent, goûtent du bout des lèvres, les yeux au désespoir… “Sérieux maman? T’es ouf ! Y’a des morceaux, c’est à gerber, tu veux not’ mort ou quoi ?” Et voilà l’ado pré-pubère dans toute sa splendeur qui ramène sa science. J’ai capitulé, hurlé en langage familier et en verlan pour qu’ils comprennent bien le français et tout le monde a dégagé ! Mais c’est quoi cette éducation ? Hallucinant !!! Ça vient de leur père, ça ! Tiens, quand on parle du loup, j’espère qu’il a pensé à prendre le pain…
“Bonsoir Chérie, ça a été ta journée ? J’ai pris une baguette dans ta boulangerie préférée en passant…” “Tu plaisantes, c’est pas du pain complet ???? T’es vraiment relou, c’est dégueu l’pain blanc, j’en veux pô !”