Les dindons de la farce
Le principe des vases communicants ne s’applique pas à mon frigo. Oh ! Soyez rassurés, je ne vais pas vous parler mécanique des fluides. Ni ici, ni ailleurs ! Les physiciennes ont eu l’eau à la bouche ? Tout n’est pas perdu…
Revenons à ce fameux frigo, blanc, robuste, 4 étages, un turbo booste en prévision de l’arrivée de nouvelles denrées. C’est l’arrivée de ces denrées qui pose problème. En y réfléchissant… ce n’est pas elles ! Mais les deux Gloutons qui dévastent les vivres tels des crickets s’abattant sur les récoltes. Cet immense rectangle blanc, le voient-ils comme des fourmis voient un morceau de sucre ? Probable…
Je ne vais pas vous raconter de salades, faire les courses m’encrotte. Pousser un caddie sous des néons en élaborant des menus sains et équilibrés m’angoisse, brûler dans les flammes de l’enfer me semble bien plus festif.
Vous allez me dire que je pourrais jeter du Findus ou William S. via internet, mais ce n’est pas le genre de la maison. Il y a une lignée de restaurateurs sur les branches, même si certains ne sont plus là pour me voir, je sens leurs yeux gourmands dans mon dos. Et chez nous, nourrir c’est dire : « je t’aime ». De là à le dire trois fois par jour de façon créative… Alors parfois, je le dis avec un peu moins de conviction ou plus simplement. Les Gloutons seront tout même ravis ! Des ventres je vous dis ! Comment leur en vouloir, nourris sous la mère ils ont été ! Alors j’épluche, j’émince, je mitonne, je court bouillonne plus souvent qu’à mon tour !
Ah oui ! Il faut savoir que si mon fils ne trouve pas de plat chaud sur la table, même en plein été, il n’a pas l’impression d’avoir manger… Et plus, il y a de monde autour de cette table, plus il est heureux ! Criions je t’aime au monde entier mon p’tit chéri !
Vu que je suis une très mauvaise mère… Non ! Pas mauvaise, mais flemmarde, (nuance !), j’ai transmis certaines recettes aux enfants, juste pour pouvoir glander pendant que eux cuisinent ! C’est fourbe ! J’assume ! Savoir se libérer du temps… On va y revenir, j’ai d’autres petits tuyaux à vous refiler. Vous vous demandez comment donne-t-on envie de cuisiner à des enfants ?
Simplement en trois temps :
• Ne pas avoir peur qu’ils se coupent, se brûlent. C’est primordial.
• Les planter devant Objectif Top Chef régulièrement.
• Trouver un livre de cuisine adapté et coloré.
Le tour est joué ! Enfin presque. La cuisine ramasse un peu… On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs !
Pour que les enfants ne soient pas les seuls dindons de la farce, dire à votre charmant qu’il maîtrise bien mieux que vous certains plats, type risotto, enfin tous les trucs délicieux mais fastidieux. Et ne pas hésiter à en faire des caisses au moment de la dégustation. La motivation pour les fois suivantes n’en sera que meilleure, fourbe oui, mais efficace ! Pour le coup, c’est vrai que son risotto, c’est un bonheur. Et un homme qui nous comble les papilles, gonflé à bloc, doublera ses prouesses dans d’autres domaines ! Si, si !
J’ai d’autres madeleines à faire pleurer. Non, cette expression n’existe pas ! Je tenais absolument à caser ces petites pleureuses. Donc… Ah oui ! Parfois j’ai envie, non : besoin, de faire autre chose que la popotte. Signer un cahier de liaison à l’économe ne se fait pas, les peaux de carotte comme repère de manuel scolaire, c’est très mal vu et une gousse d’ail, ça gomme mal.
Etre mono-tâche et égocentrée est vital. Non : normal ! Est ce qu’on les dérange nous, quand ils jouent ou lisent ? Non.
– “MAAAAAMAN ! MAAAMAN ! On mange quoi ce soir ?
La moutarde me monte au nez…
– Prends une banane mon chéri !
– Elles sont noires…
– Bah… Mange le chat !”.
© Collage : Alexia Mourey