michel grisard droit dans ses ceps !

6 Oct 2017

l’enfant rebelle de la vigne

Considéré comme l’un des pionniers de la viticulture biodynamique en Savoie, homme de convictions et de combats, Michel Grisard ne s’est jamais laissé guider son chemin. Son attachement à la terre chevillé au corps, il a mené ses «révolutions» pour aujourd’hui faire figure de référence.

Bien sûr, Michel Grisard avait imaginé, gamin, qu’il vivrait de la terre et des vignes. Il s’y était d’ailleurs préparé sur les bancs de l’école d’agriculture. Juste avant de rejoindre le domaine familial, en 1970. Mais au bout de deux ans, c’est la «grosse gifle». Son père décède.

23 ans, c’est un peu jeune pour affronter un tel événement. 23 ans, c’est aussi un peu jeune pour reprendre une exploitation. “Ça a été une immersion rapide ! Ça m’a appris à vivre”, commente pudiquement l’aîné d’une fratrie de six enfants. Aux côtés de deux de ses frères, Michel Grisard reprend alors le flambeau et s’investit dix années durant. Si l’homme est loyal, il n’en n’est pas moins désireux de suivre son propre sillon. Ce sera à la tête du domaine Prieuré Saint-Christophe à Fréterive. “J’avais un hectare de vignes, raconte t-il. J’ai démarré avec des plants. Je me disais que je vivrais de la pépinière viticole. Finalement, au bout d’un an, j’ai décidé de me consacrer aux vins avec une idée en tête : je veux faire de la Mondeuse un grand vin !” Un choix qui interpelle bon nombre de ses confrères : à l’époque, la Mondeuse n’est pas très appréciée, elle n’est même «pas très bonne».

QUITTE OU DOUBLE

Sauf que lorsque Michel Grisard prend une décision, non seulement il s’y tient, mais il sait parfaitement pourquoi. “J’y croyais !”, sourit-il. Très vite, sa Mondeuse est sélectionnées par les chefs étoilés (Bocuse, puis au Crillon, à L’Arpège, chez Marc Veyrat…). Elle atterrit même sur la table de l’un des repas organisés pour le Comité olympique lors des Jeux d’hiver 1992! “J’étais très fier!”, s’amuse Michel Grisard, non sans imaginer combien son père, lui aussi fervent défenseur du cépage, aurait été heureux.

Après ce premier coup d’éclat, et fort d’un attachement viscéral à la terre, ce grand marcheur et adepte du yoga se lance dans une nouvelle aventure. N’ayant qu’un seul but, produire des vins de qualité, il s’interroge sur la meilleure façon d’y parvenir. “J’ai complètement reconverti le domaine. J’ai re-labouré les vignes et j’ai remis à plat ma façon de travailler la Mondeuse”, explique celui qui se revendique paysan.

Malgré les avis plus que mitigés de ses confères et quelques «douches écossaises», le Savoyard persiste et se lance même dans la biodynamie(1). “Ça a complétement changé ma façon de voir mon métier,” se souvient celui que l’on a à nouveau pris pour un fou. “Évidemment, pour les autres, il fallait que ce soit tout au carré. Que rien ne dépasse. Moi je laissais vivre la vigne! Et puis les Roussettes sont arrivées. Et ça a été un grand succès! Tout le monde en voulait!”.

Évidemment, pour les autres, il fallait que ce soit tout au carré. Que rien ne dépasse. Moi je laissais vivre la vigne! Et puis les Roussettes sont arrivées. Et ça a été un grand succès! Tout le monde en voulait!

RENAISSANCE

Fin des années 1990, Michel Grisard se lance dans un nouveau défi ! “Je me suis dit que si nos parents revenaient et qu’ils voyaient nos domaines en friche, ça ne leur plairait pas du tout.” Il jette alors son dévolu sur un coteau abandonné, à Cevins, et décide de faire revivre sa vigne. “Mon objectif, n’était pas de m’agrandir, mais de recréer un domaine – les Ardoisières -, insiste Michel Grisard. C’était mon rêve de vigneron. Ce coteau, je le connaissais depuis que j’étais gamin. A cette époque, c’était un vignoble extraordinaire.

Avec l’appui de plusieurs autres passionnés, Michel Grisard réussit à convaincre les 250 propriétaires des 450 parcelles concernées. Ils créent un groupement foncier, sollicitent les collectivités… “C’était à nouveau la révolution !”, s’amuse-t-il, “et un projet collectif…”. Car pour cet amateur de culture (spectacles de musique, danse, théâtre, lecture…) rien n’a de sens s’il n’est pas tourné vers l’autre, qu’il soit humain, animal ou végétal. Ses convictions se raccrochent toutes à quelque chose qui va bien au-delà de sa personne.

Dès qu’il a pu, il s’est investi au sein de plusieurs associations professionnelles (vins de Savoie, jeunes agriculteurs, sommeliers…) “Je ne suis pas comptable, je ne suis pas bon en paperasse”, résume à sa manière Michel Grisard. “Mais ce que je sais, c’est que les projets : c’est l’avenir. Ça fait vivre. On ne peut pas rester sur du passé. Il faut faire bouger les acquis, les faire avancer. L’évolution, on ne l’arrête pas ! Même un caillou évolue. C’est dans la logique de notre planète.”

Les projets : c’est l’avenir. Ça fait vivre. On ne peut pas rester sur du passé. Il faut faire bouger les acquis, les faire avancer. L’évolution, on ne l’arrête pas! Même un caillou évolue!

DROIT DANS SES CEPS

Et pour ce qui est de faire bouger les acquis, Michel Grisard s’y connaît! Après avoir permis l’installation d’un jeune sur le domaine des Ardoisières en 2005, puis cédé toutes ses parts du domaine du Prieuré Saint-Christophe en 2010, il consacre aujourd’hui l’essentiel de son temps au centre d’ampélographie alpine qu’il a contribué à créer en 2006. “On a réinscrit onze cépages!” commente-t-il fièrement. Et parmi eux, la Douce Noir. Un cépage auquel son père était très attaché…

Mais qu’on ne s’y trompe pas. Michel Grisard ne perd rien de ses convictions, ni de sa verve. N’est-il pas à l’origine d’une pétition lancée sur facebook, contre le transfert du conservatoire mondial de la vigne(2), un trésor unique au monde qui réunit près de 7500 plants? “On n’a pas le droit de laisser faire des âneries par des gens qui n’y connaissent rien! Pour avoir de beaux vins, il faut avoir de bonnes racines. Dans l’agriculture, telle qu’on la connue il y a encore dix ou vingt ans, on est complètement à côté de nos pompes! On mélange tout. Les chercheurs de l’INRA(3) aimeraient faire pousser des palmiers sur la banquise!” CQFD.

 

(1) En 1924, le scientifique et philosophe autrichien Rudolf Steiner pose les bases de l’agriculture biodynamique, première en date des méthodes agricoles dites biologiques. De façon générale, la biodynamie cherche à réhabiliter, dynamiser et intensifier la vie organique du milieu cultivé. Parmi les techniques utilisées : des préparations naturelles de plantes, administrées en faible quantité, et le suivi des calendriers solaire, lunaire et planétaire.

(2) Le « Louvre de la vigne » a été établi en 1949 sur le domaine de Vassal, à Marseillan-Plage. Site choisi pour ses sables, barrière naturelle au phylloxéra. Cette collection a notamment été créée pour préserver les cépages de la destruction. (3) Au début des années 2010, l’Institut national de la recherche agronomique a décidé de le déplacer à Gruissan, dans l’Aude.

On est complètement à côté de nos pompes! On mélange tout. Les chercheurs de l’INRA aimeraient faire pousser des palmiers sur la banquise!

Michel Grisard, si vous étiez…

… un cépage ?
Mondeuse

… un grand cru ?
Yquem

… une autre boisson que le vin ?
Saké japonais

… un plat à base de vin ?
Un coq au vin

… Le mariage parfait met/vin ?
Roussette, Reblochon et pain au
sésame

… Et si vous n’aviez pas été vigneron ?
J’aurais été alors liquoriste ou parfumeur.

Photos : Guillaume Desmurs

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