mariée en Valérie Pache

11 Sep 2020

les robes qui donnent des ailes

AVANT, C’ÉTAIENT DES PARACHUTES. APRÈS, CE SONT DES ROBES, À LA FOIS DÉLICATES ET FORTES EN CARACTÈRE, CONÇUES POUR LE MOUVEMENT, LA LIBERTÉ, LES GRANDS ESPACES. ENTRE LES DEUX, IL Y A EU LE GRAIN DE FOLIE DE VALÉRIE PACHE !

PAR ESTELLE COPPENS

©Charlotte Cavaleiro – Danseuse Fiona Wagner

« J’ai ça pour toi, ça t’intéresse ?”, lui lance un matin une voix masculine, au téléphone. “Oui”, s’entend répondre Valérie Pache depuis sa maison chamoniarde. Certainement parce que pour cette styliste formée à Paris, ayant vécu à Bordeaux et à Lyon avant de regagner sa vallée natale, “chaque chose a un sens même si l’on n’en saisit pas immédiatement la portée.” Et puis la jolie brune a horreur de ce qui est perdu. Le soir même, dix toiles de parachute en fin de carrière atterrissent dans son salon. L’ami en question appartient à la fédération française de parachutisme. Réaction de son entourage ? Rigolade générale. “C’est moche, qu’est-ce que tu vas bien pouvoir faire de ça ?
Les moqueries contrarient la couturière qui y puise un supplément de motivation, elle qui, depuis ses débuts, a toujours cherché à ennoblir les matières recyclées. “Ça se tente, on verra bien où cela nous mène”, décrète-t-elle à l’instinct. En 2009, ses premières robes «volantes» fabriquées à partir d’anciennes voiles de parachute voient le jour. A même cette matière première pas banale, Valérie sculpte des créations en volumes, d’une féminité gracile et intrépide, balançant entre mythe et réalité. Au salon parisien Ethical Fashion, la même année, ses pièces uniques font sensation. La maison de couture artisanale Valérie Pache décolle.

©Charlotte Cavaleiro – Danseuse Fiona Wagner

SKY IS THE LIMIT…

Parachute ou parapente, après mille vols, ces tissus techniques ne sont plus sécuritaires : interdiction formelle de planer. Direction le rebut. Mais la relation de confiance que la Savoyarde a su tisser pour obtenir l’autorisation de les recycler ouvre de nouvelles perspectives. Difficiles à obtenir, la partie couture de ces étoffes vintage n’est pas du gâteau non plus. Il faut démonter chaque voile une par une. Compter 2 heures facile pour un parachute de survie. Vient ensuite l’opération de nettoyage, tic-tac, tic-tac… En revanche, Valérie saute la case «teinture» car les voiles gardent la couleur de leur première vie. Ensuite ? “Ensuite, justement, je me laisse guider par la couleur pour créer et je laisse vivre.” Jeux de transparence, de masse, surpiqûres, fronces, longues traînes : “façonner cette matière est jubilatoire, ça rattrape tout.” La soie naturelle s’invite parfois dans les compositions. A chaque voile sa robe, à raison d’une dizaine de toilettes par an. Les modèles s’inspirent de la puissance des éléments de la vallée du Mont-Blanc, “un terrain de jeu magnifique”, évoquent la pureté d’une nature fragile, menacée.

© Hlo Photography – Modèles Agathe Petrini & Elodie Chan
© Hlo Photography – Modèle Agathe Petrini

CRÉATRICE PAS TERRE À TERRE

Dans le sillage des robes volantes et évènementielles, il y a eu des créations incrustées des fameux cristaux de la vallée, des robes amphibies, clignotantes, de princesse avec jupon en tulle, et des robes de mariée, sur mesure ou à louer. Les grandes boutiques se montrent plutôt frileuses à les diffuser. Qu’importe, Valérie Pache est du genre à l’aise sur les chemins des crêtes. D’ailleurs, au fil de ses pièces uniques, cette autre aventurière des aiguilles prend conscience que sa production confidentielle lui convient bien. Même si les fins de mois sont, elles aussi, sportives. Avec peu de moyens, Valérie soulève des montagnes. Elle fédère autour d’elle une communauté artistico-athlétique, conquise par son univers de rêve et de défi cousu main. Vidéastes, photographes, circassiens, parapentistes, musiciens et même un PDG l’aident à concrétiser ses idées de mises en scène poétiques et culottées. Dont le coup de maître de la créatrice écologique : réexpédier dans le ciel les voiles transformées en robes. Les vidéos de trapézistes drapées de sa marque fendant l’air avec grâce, pendues au bout de parapentes valent le coup d’œil. “J’aime être à tous ces confluents : mode, sport, MLF, arts, environnement…”, se réjouit celle qui a été invitée à la Biennale de Venise, à la COP 21 pour une performance avec Laurie Lubbe, danseuse virevoltante de l’équipe de France de soufflerie, habillée par ses soins.

© Benjam Picture – Modèle Mary Zanco

HÉROÏNES DU QUOTIDIEN

Son dernier pari ? Intégrer le vestiaire de tous les jours. Soit dix ans d’évolution pour arriver au prêt-à-porter. “Un jour, j’ai fabriqué une grande cape en toile de parachute. Pourquoi ? Mystère. On a 10 ans à nouveau”. Les capes sont à passer sur des robes en maille taillées dans le coton et le velours bio mettant en valeur la silhouette. Genre : faussement sages. Même éloge de la féminité qui accomplit inlassablement de petits miracles sans attendre d’applaudissements. L’esprit de jeu demeure, consigné dans les accessoires : cape, longs gants, capeline, loups. Les modèles portent des noms de pierres, pour mieux souligner leurs supers pouvoirs. Ceux des vêtements, comme ceux des femmes…

Estelle Coppens

Estelle Coppens

Journaliste
SURNOM : Calamity Jane PERSONNAGE DE FICTION : La même OBJET FETICHE : n'importe quelle fleur qui sent bon et qui me fait interrompre ma route, si j'en croise. Je ne comprends pas à quoi servent les fleurs sans parfum. Le grand créateur devait avoir le nez bouché ces jours-là. Vous trouvez que ce n'est pas très compatible avec les deux questions qui précèdent ? Vous avez raison. ADAGE : Quand la mer est calme, les bateaux avancent lentement... JE GARDE : Ma bonne humeur. Un truc, chez moi qui semble avoir le pouvoir de se reconstituer. Merci maman, merci papa. JE JETTE : Mon étourderie. Les Américains ont un plus joli terme, et je les en remercie : le daydreaming. Beaucoup plus poétique. DANS 20 ANS : J'aurai toujours aussi peu de notion du temps, celui auquel on devrait arriver et fatalement, partir. Celui qui passe aussi, c'est l'avantage.

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