On the rhône again : le Domaine des Maravilhas

21 Sep 2021

Alice au pays des Maravilhas

Elle est légère, Alice, avec sa belle robe claire et son nez de cerise, son velouté stricto Cinsault et son accent des garrigues. Légère et gorgée de soleil, parce qu’elle a été élevée à Saint-Laurent-des-Arbres, rive droite du Rhône, au pays des merveilles, «maravilhas», en Occitan.

A la terrasse du Bistrot des Vignes, cœur battant de l’appellation Lirac, c’est en attendant une assiette de pieds et paquets, spécialité provençale à base de panse de mouton –et de pieds… évidemment– , que Morgane et Jean-Frédéric Bistagne nous présentent Alice. Elle est très bien roulée –sur les galets argilo-calcaires– et extravagante de fruits –c’est le cépage Cinsault qui veut ça–. Oui, Alice est une cuvée, la petite dernière de ces nouveaux vignerons installés dans la région depuis 2014.
A l’époque, Morgane travaille dans l’industrie pharmaceutique, Jean-Frédéric dans l’informatique. Elle est bretonne, il est marseillais –ils le sont toujours–. Mais ils vivent à Genève, à mi-chemin entre leurs deux contrées natales, quand l’envie leur prend d’aller voir au Sud si le Rhône est plus bleu et les crus plus capiteux. Le couple est fin gour- met, amateur de vins éclairé, mais la vigne, c’est un métier… “On a plongé du bateau, en pleine mer”, sourit Jean-Frédéric, “sans savoir s’il y avait des requins, si l’eau serait froide ou même si on saurait nager”.

ROMAN DE GARD

Ils ont quand même un peu étudié les courants et l’horaire des marées : en repérage depuis 4 ans, ils ont déjà failli reprendre un premier domaine du côté d’Orange. Jean-Frédéric s’y est frotté aux gestes-clés de la viticulture comme la taille ou l’ébourgeonnage, mais la propriété a finalement été cédée à des Chinois. “Ils ont fait une offre au moment de signer, on n’a pas pu rivaliser.” Malgré ce chavirage, pas question de changer de cap, seulement de département. Dans le Gard, ils entrent alors en pourparlers avec deux frères vignerons et associés qui envisagent de se séparer. Leur père, arrivé d’Algérie en 1967, avait acheté des garrigues à la sortie de Saint-Laurent-des-Arbres pour y planter des vignes. Quand les Bistagne les découvrent, elles sont déjà travaillées en biodynamie depuis une dizaine d’années. Séduits par cette philosophie, par la bonne santé évidente des ceps et la vue sur les remparts médiévaux du village, ils plongent. Le domaine s’appellera Maravilhas, en référence à ce premier moment d’émerveillement.

Saut dans le grand vin

Accompagnés par un des anciens salariés, une bonne caviste et un œnologue attentif, les nouveaux propriétaires apprennent sur le tas et font donc leurs premières vendanges en 2014. “Quand on s’est lancé, un ami m’a dit : tu verras, dans la vigne, sur 5 ans, il y a une seule mauvaise année”, se rappelle Jean-Frédéric. “Au début, c’est plutôt l’inverse… ” Si 2015 est une très belle année, 2016 est marquée par la sécheresse. “Mon voisin n’avait jamais vu ça en 40 ans ! Et 2017 a été pire encore… En 2018, la météo était bonne, mais c’est le mildiou qui a fait des ravages ; en 2019, les vignes brûlaient dans le Languedoc, et en 6 mois, les nôtres ont reçu moins d’un litre d’eau par m2…” Pas le temps de tergiverser, les apprentis vignerons sont tout de suite dans le bain. “On n’aurait jamais imaginé avoir cette vie il y a 15 ans, mais on s’est vite habitués!”
Habitués peut-être, rassérénés pas encore tout à fait, malgré le très bon accueil fait à leurs vins, les demandes de réservations ou d’allocations, et l’ouverture sur les marchés internationaux. Si Morgane est présente sur le domaine, elle a conservé, en parallèle, son activité professionnelle. Quant à Jean-Frédéric, il est en mouvement permanent. “C’est un monde qu’on idéalisait peut-être un peu, dont on n’imaginait pas les difficultés quotidiennes, les problèmes de frigo, les retards de livraison…” Entre deux explications, il file arrêter le feu sous une infusion de reine des prés, un antalgique qui doit améliorer la capacité des vignes à lutter contre le mildiou. Car les Bistagne travaillent dans la continuité de leurs prédécesseurs, dans le respect du vivant.

Palette de cépages

Sur la parcelle qui s’étend au pied du chai, les vieux plants côtoient les plus jeunes, pour donner des jus plus équilibrés. Et un peu plus haut dans le «Pradau», une grande prairie en amphithéâtre, entre chênes et thym citron, ce sont les cépages qui se mélangent. Le Grenache blanc, sensible et précoce, cohabite avec le rustique, mais plus tardif, Bourboulenc, “un très beau cépage, qui ne monte pas trop en alcool et récupère le côté minéral et salin du sol argilo-calcaire”. Résultat ? “Chacun garde ses spécificités, mais ils mutualisent leurs forces”. Ils se retrouvent ensuite en bouteille dans le Lirac Blanc, symbolisés sur l’étiquette par deux danseuses aux robes différentes, créées par Richard Campana, un ami artiste marseillais.
Chaque cépage a d’ailleurs sa danseuse, en rayures orangées pour le Bourboulenc, bleues pour le Mourvèdre, grenat pour la Syrah. Cépages assemblés et déclinés en Côtes-du-Rhône, Laudun, Lirac ou… Châteauneuf-du-Pape. Comme certains ont franchi le Rubicon, Morgane et Frédéric ont, en effet, enjambé le Rhône pour compléter leurs 16 hectares rive droite par 2 hectares rive gauche… 
Une ouverture sur le fleuron de la région, qui leur va à merveille. 

 + d’infos : domainedesmaravilhas.com

LE MOT DE CHARLY

Je les ai rencontrés par hasard sur le salon « Millesime Bio » à Montpellier. J’ai eu un coup de cœur pour leur Laudun rouge, la cuvée Maestral. Laudun, c’est une appellation dont on parle très peu, qu’on ne trouve pas sur toutes les cartes, alors c’est toujours intéressant d’aller dénicher des choses qui sortent de l’ordinaire. La Syrah lui donne un côté épicé, le grenache de la rondeur ; il a une vraie identité, un équilibre, de l’aromatique et une belle longueur en bouche. Avec ce vin, on peut facilement aller sur un gigot d’agneau, de Sisteron par exemple, avec un jus au thym et romarin, une viande délicate complétée par la souplesse du vin. 

Photos : Clément Sirieys

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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