il était une fois des vendredis…
Architectes, menuisiers, ébénistes… En fait, les vendredis sont un collectif de designers lyonnais, mais ils sont surtout artistes. A la fois par leur pensée singulière et par la réalisation de leurs objets, qui allient matériaux purs et technologies. Rencontre.

La première chose qui vient à l’esprit quand on croise les Vendredis, c’est une furieuse envie de les avoir comme potes. C’est d’ailleurs ce qui les réunit, eux, le fait d’être avant tout une bande de copains. Anne, Yacine, Marc, Lionel et Paul ont la quarantaine passée, mais leur mot d’ordre est de s’amuser via un imaginaire débridé. Ces grands gamins sont architectes pour trois d’entre eux, et menuisiers/ébénistes pour les deux autres.
Aucun n’est natif de Lyon, et pourtant la force de leur collectif réside dans les pentes de la Croix Rousse, berceau des manufacturiers de la soie, et lieu de leur rencontre. “Notre île de Vendredis, c’est la rue”, sourit Marc. Celle des Capucins en l’occurrence, où se trouve leur showroom, leurs ateliers et lieux de vie respectifs. A force de se croiser, de se rencontrer, d’échanger dans leur quartier, les cinq compères décident de s’allier pour créer autre chose, ensemble. Pour se réinventer. C’était un vendredi, il y a deux ans.

PIRATES DES CAPUCINS
Chacun dans leur domaine déjà, ils aiment travailler le bois. Ce sera donc leur matériau roi. Leur nom ? Vendredis, “pour la réunion de solitaires”. Mais ce sera aussi «les Indigènes», nés de la rue, qui engendrent une nouvelle forme d’art. Tout se tient… Leurs tables, luminaires, chaises, ne répondent qu’à une seule contrainte, celle d’exister à travers les personnages que les Vendredis ont créés. Avec Alice, Peter, Jack, leur monde imaginaire prend corps.
L’objet n’est pas qu’un objet, il a une famille, des amis, une histoire. “Par exemple, Jack, il était tout seul. Il faut dire qu’il est un peu austère, Jack, mais sophistiqué quand même.Ducoup,onluiacréédesluminaires”, lâche Marc. Hein ? Il faut comprendre que Jack est un personnage sorti du chapeau à 5 têtes des Indigènes. Il peut être lampe ou table… En fait, il n’est pas un objet, mais un monde inventé, à redéfinir sans cesse. Il participe du délire collectif. Il a pour lui Furie, qui n’est ni une table, ni une chaise, ni un tabouret, mais tout ça à la fois. Il est son animal de compagnie, qui devient une console stylée pour une entrée. Imaginaire et réel se mêlent en permanence.
ALICE AU PAYS DES INDIGÈNES
Chaque luminaire créé dans la collection Jack est un «pic mineur», aux lignes épurées, à géométrie variable qui donne l’impression de jouer une partition à plusieurs. En chêne et assorties de led, ces lampes sont d’une incroyable finesse et d’une élégance à faire pâlir Alice. Mais celle-ci n’est pas en reste. Chez elle, comme son homonyme du pays des merveilles, la fantaisie se met à table, et la réalité se réinvente.
Tout est pensé pour qu’une table ne soit pas qu’une table, mais qu’elle trouve mille fonctions selon les désirs de chacun. Et puis il y a Peter, le petit dernier. Pour l’instant, ce qui le caractérise, c’est une lampe torche géniale en bois, en forme conique, d’environ un mètre. On la pose à l’envers par terre. Munie d’un accéléromètre 3D, l’intensité lumineuse varie selon la position de la lampe. Et pour que la batterie ne soit pas à plat lorsqu’on la reçoit, son système est activé grâce à un mouvement spécifique, que mime Marc, et qui ressemble de façon troublante à Anakin Skywalker maniant son sabre laser. Sérieux et amusement, inlassablement.
Si à eux cinq, ils sont complètement barrés, ce qu’ils font de leur esprit et de leurs cinquante doigts reste bien inscrit dans le présent, les vendredis !
+ d’infos :
www.vendredis.biz


Photos : Diego Quagliotti