VISITE DE MAISON… de bois

31 Oct 2021

SOBRIÉTÉ DE FAÇADE

Il fut un temps où Français et Ecossais s’étaient alliés pour faire front contre la perfide Albion. Dans les Portes du Soleil, s’ils ont de nouveau uni leurs forces, ce n’est pas pour former des bataillons, mais pour redonner, sans la dénaturer, de sa superbe à une vieille maison.

Des coins peints, un petit balcon à la Roméo et Juliette au-dessus de l’entrée, des volets rouges et blancs… Très familière aux yeux des locaux, cette imposante bâtisse du XVIIIe siècle, qui semble se cacher derrière la mairie de Montriond -prononcez Monrion-, n’est pas typique. A l’origine, elle est pourtant bien flanquée d’une grange en bois à l’arrière, comme la plupart des habitations traditionnelles de la vallée, mais elle est plus haute et plus cossue.
Au milieu des années 2010, avec son air triste, elle fait discrètement de l’œil à Lynn et Duncan, un couple d’Ecossais, grands skieurs, qui vient régulièrement en vacances dans le village. Ils la trouvent d’abord massive et peu opportune -à cette époque, ils sont en train de faire construire leur maison à côté de Glasgow-, puis elle leur passe sous le nez, avant, contre toute attente, de revenir sur le marché. C’est en 2016 que leurs destins se scellent finalement sur le papier.

COUPE CLAIRE

Si, en apparence, la vieille Meuriande -habitante de Montriond- n’a rien perdu de sa dignité, derrière les murs, il n’y a pas grand-chose à conserver. “Il y avait encore l’étable et une cave voûtée complètement insalubre, on voyait les différentes extensions ajoutées au fil du temps, mais une seule petite partie avait été gardée comme maison de vacances”, se rappelle Duncan. “L’ensemble était en très mauvais état. Il fallait repartir d’une feuille blanche. Par contre, nous voulions absolument préserver la façade et restaurer l’extérieur de la manière la plus respectueuse possible.” Une évidence pour tous, propriétaires, architectes et artisans. Leur premier réflexe ? “Supprimer toutes les excroissances pour redonner au bâtiment sa belle tenue initiale”, explique Hervé Marullaz, l’architecte morzinois qui prend en main cette rénovation, “et tout désosser pour le re-configurer complètement, retrouver des volumes intéressants…

©sharpography.co.uk

GOÛTS DE LUX

Volumes et lumière, voilà ce qui redessine l’intérieur de la demeure, avec ses six chambres-cocon, sa gigantesque cuisine-marmiton, son coin piscine-relaxation et son étage-salon… Oui, le salon prend quasiment TOUT le dernier étage. Car le véritable luxe, ici, c’est l’espace. En poussant la petite porte d’entrée en bois -la porte d’origine-, on aurait, par réflexe, tendance à baisser la tête, prêt à entrer dans un rez-de-chaussée trapu et un peu renfrogné. Il n’en est rien : la clarté vous cueille dès le palier, au pied d’un magistral escalier. “L’idée, c’était qu’on n’ait pas le sentiment de rentrer dans un sous-sol”, résume l’architecte. “L’escalier central, même s’il dessert les pièces de vie, n’est pas forcément l’axe de circulation principal -il y en a d’autres plus discrets- mais il ouvre sur l’ensemble de la maison.” En effet, le temps de laisser le regard grimper jusqu’au premier niveau, puis traverser la trémie au 2e, on atteint la charpente. D’un seul coup d’œil, l’âme du lieu et sa singularité sont donc révélées. Et tout a été fait pour qu’elles ne restent pas dans l’obscurité. Naturellement, le soleil entre par les grandes ouvertures verticales sur chacun des flancs en bas ; par les baies, larges fenêtres et parois à claire-voie dans les étages, où cloisons, planchers, passerelles et garde-corps vitrés le laissent inonder l’espace sans contrariété. Mais quand la nuit tombe, me direz-vous ? C’est là que Kyles Garrett, décoratrice d’intérieur dont le premier métier était l’éclairage, déploie tous ses talents. Elle glisse du Lux -unité de mesure de l’éclairement lumineux… Vous êtes aussi là pour apprendre des choses- sous les marches d’escaliers, dans la moindre petite niche du bar, sur les toiles des artistes locaux et britanniques, sous les poutres du toit ou dans le plafond du spa.

©sharpography.co.uk

SWINGY, FUNKY & BON ESPRIT

Les luminaires, c’est la signature de Kyles. Les balançoires -les “swings”- aussi. Elle en a suspendu près de la piscine, sur le balcon et dans le salon, “pour montrer que même quand on est adulte, on peut avoir un moment pas sérieux, que les choses ne sont jamais très graves.” Depuis le début du chantier, les propriétaires lui font entièrement confiance : “ils avaient envie d’un esprit chalet, mais sans cœurs ni peaux de moutons partout. Ils étaient aussi d’accord pour rester en cohérence avec leurs origines écossaises, mais sans chardon ni tartan. Nous avons donc cherché plus funky : tous les papiers peints, fauteuils et coussins, viennent de chez Timorous Beasties, un incroyable éditeur de tissus de Glasgow. On est partis d’une palette assez minimaliste, gris, bois, verre et métal, à laquelle nous avons ajouté ces petits éléments très forts. J’adore aussi le boudoir, avec ces grands oiseaux aux murs, cette lampe-cage complètement folle… Je n’aurais jamais pensé avoir l’occasion de proposer ce genre de choses ici. Mais que ce soit avec moi, ou les autres corps de métier, menuisier, vitrier, ils n’ont jamais remis nos choix en question, du coup, tout le monde a beaucoup donné.
Il y a eu deux choses particulières sur ce projet”, renchérit Hervé Marullaz, “d’une part, le respect incroyable de Duncan et Lynn pour le patrimoine -Lynn m’a même fait garder les petits crochets qui tiennent les volets pour qu’on les remette sur la façade- ; et d’autre part, la relation géniale qu’ils ont su nouer avec tous les artisans”. Pour preuve, après le gros du chantier, la Maison -avec un M majuscule, car c’est maintenant son nom- a même eu droit à sa «lève», une fête traditionnelle locale de plus en plus rare, qui réunit tous les corps de métiers et les voisins une fois que la charpente est levée. Pour l’occasion, on accroche au toit un petit sapin en guise de porte-bonheur.

SAUVER LES APPARENCES

Il aura fallu deux ans de travaux, pour que la maison retrouve son aplomb. A l’intérieur, le faste, les œuvres d’art, l’explosion de couleurs et la rencontre de deux cultures, dans un ensemble à la fois vaste et chaleureux. A l’extérieur, toujours les mêmes coins peints, le petit balcon au-dessus de l’entrée, les volets rouges et blancs… Aujourd’hui, cette imposante bâtisse qui semble se cacher derrière la mairie est encore moins typique que dans le passé, mais aux yeux des locaux, sur la place du village, rien n’a changé…

+ d’infos : theboutiquechalet.com


Photos : Yves Garneau

Mélanie Marullaz

Mélanie Marullaz

Journaliste SURNOM: Poulette. PERSONNAGE DE FICTION: Elastigirl. OBJET FETICHE: mon oreiller. ADAGE: à chaque Barba-problème, il y a une Barba-solution. (philosophie Barbapapienne) JE GARDE: mes épaules. JE JETTE: mes grosses cuisses de skieuse. DANS 20 ANS? la tête de mon père sur le corps de ma mère. presse@activmag.fr

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