amaury poudray,
après l’usin-e

amaury poudray, après l’usin-e

Affaire suivie…

Amaury Poudray était à l’Usin-e quand on l’a rencontré pour la première fois. Depuis, son «système-d» a bien bien évolué. Même si le jeune Lyonnais persiste dans le durable et les valeurs humaines.

Coupe courte, pantalon slim, regard rieur, Amaury maîtrise son allure trendy avec naturel. Il ouvre les portes de son vaste studio lyonnais, s’excuse de l’odeur persistante de peinture fraîche. Le trentenaire est un garçon tout simple, il suffit d’un “Comment ça va depuis ?” pour que la conversation reprenne son cours. Et malgré les changements, les séparations et les rencontres, le chemin du jeune designer suit une ligne claire qu’il trace avec détermination.

PENSER « GLOCAL »

Amaury Poudray empile les expériences. Passé par la célèbre Fabbrica de Milan, il collabore avec Ligne Roset, Mirima, Rémy Barrère, l’Institut Paul Bocuse. Et crée désormais son propre «Networks», histoire d’affirmer sa volonté de travailler avec les savoir-faire locaux : “Je ressens ce besoin de me lier à ces savoir-faire riches d’expériences. Ils sont présents dans tous les domaines, de l’artisanat au high-tech. Mais cette proximité assure aussi des relations humaines de qualité”. Des valeurs humaines dans la continuité de «Prélude», une ligne de petit mobilier développée du temps d’Usin-e, en collaboration avec un CAT (Centre d’Aide par le Travail). Le designer pense aussi global en créant «Rozmova» («Conversation» en Polonais), une série d’objets de cuivre et de verre qui réunit des savoir-faire français, belges et polonais. Histoire de cristalliser une culture européenne qu’il explore avec gourmandise : “La Pologne m’a appris à regarder au-delà des apparences, d’où ce mélange entre le bronze et le verre pour traduire une sensibilité cachée au cœur la rudesse”.

FULL SENTIMENTAL ?

Amaury puise son inspiration dans ses propres histoires. Il laisse des messages touchants, à travers des objets aux lignes simples et sincères. Comme «Wool and Wood», une table au plateau de laine, inspirée par sa compagne. “Je n’aurais jamais pensé travailler avec de la laine, c’est elle, designer elle aussi, qui m’a fait découvrir ses douces possibilités”. Les tabourets «Revival», les tables «Gears» incarnent des patrimoines d’entreprises qui font appel au talent d’Amaury pour créer des passerelles entre passé et présent. En 2016, il crée une collection de paravents et retrace son travail et sa démarche dans le livre «Arrangements». Et puisque l’homme s’avoue sentimental et nostalgique, on lui concocte un questionnaire tac au tac, auquel il se plie volontiers…

+ d’infos : www. amaurypoudray.com

La Pologne m’a appris à regarder au-delà des apparences, d’où ce mélange entre le bronze et le verre pour traduire une sensibilité cachée au cœur la rudesse.

Activmag : Votre matériau préféré :
Amaury Poudray :
Les matières vivantes, cuir, bois, tout ce qui est végétal. Mais j’avoue un faible pour le verre. Sa transparence rappelle l’air et l’eau. Je suis séduit par sa dureté apparente, la cause même de sa fragilité. C’est froid, mais c’est né dans du feu !

Ce que vous appréciez le plus chez un designer ?
L’honnêteté ! D’abord par rapport à lui-même, puis aux matières qu’il travaille.

Votre étape préférée dans le processus de création ?
La rencontre humaine, que ce soit avec un industriel, un galeriste ou un particulier. C’est pendant cette étape que les idées naissent, fusionnent… C’est très inspirant !

Votre designer préféré ?
Oh là là, c’est difficile de choisir, mais je dirais Enzo Mari. Il a un discours clair, même si c’est un peu radical parfois, mais dans le bon sens du terme. Ses créations sont sincères, directes et vont à l’essentiel.

Les projets dont vous êtes le plus fier ?
Ceux dans lesquels je me sens particulièrement investi. «Réseaux» et «Locaux» s’inscrivent complètement dans ma ligne de conduite. L’un consiste à dessiner des fournitures et emménager un espace de repos/sieste en entreprise. L’autre à combiner sur un banc d’extérieur des savoir-faire français en terme d’énergie nouvelle, d’éclairage et tissus innovants.

© Laure Melone, Tiphaine Vasse

paul venaille, le design s’amuse

paul venaille, le design s’amuse

Baby seater

Paul Venaille est un puriste. Esthétiques sobres, couleurs pop, les objets de l’artisan-designer séduisent en trompe-l’œil. A surveiller de très près.

La voix, douce, cherche parfois les mots. Hésite, bute légèrement. Paul Venaille réfléchit avant de répondre aux questions, le jeune designer n’a pas la grosse tête. Poussé dans la ville de Lyon, il s’épanouit aujourd’hui à Paris. Et l’horizon du lauréat « Jeunes Créateurs des Ateliers d’Art » 2014 s’élargit ici, dans son nouvel atelier de Pantin. Un atelier pour de vrai, qui sent le travail de la main et la matière concrète.

LAVOPRATIC

En 2012, Paul Venaille secoue gentiment l’univers du design. Son projet de fin d’étude révèle un créateur inventif et curieux. L’objet semble fragile. Juchée sur un fin zigzag métallique, la plaque de sycomore est comme en équilibre. Aérienne, géométrique. Et sobre. Pourtant, l’esthétique calme et pratique de « subduction » abrite un chaos. Le plateau coulissant découvre 12 rangements couleurs feu, magma, brasier. Les mouvements de la terre selon Paul Venaille : “Le thème de fin d’étude était la fragmentation. J’ai réfléchi au mouvement des plaques tectoniques, la subduction. Le plateau du bureau reproduit exactement ce mouvement. C’est un clin d’œil à l’instabilité. Les rangements symbolisent l’éruption volcanique. J’aime ces principes de métamorphoses”. Et « subduction » résume le travail d’un designer que les jeux de construction passionnent.

LE MANUEL DE L’ARCHITECTE

La passion ne date pas d’hier. Petit, Paul construit déjà à tout va. Lego, mécano, Kapla, tout y passe. Il dessine aussi. Construction, dessin, l’orientation semble évidente. Un BAC S plus tard, le Lyonnais entre en école d’architecture. Mais la discipline le déçoit : “ça n’était pas assez concret, pas si créatif. Il fallait répondre à des demandes très précises de logements, de bâtiments publics, alors que je voulais créer des choses et les voir naître ! C’est plus rapide de voir un meuble fini qu’un bâtiment fini !”. Faire, construire, toucher, le jeune Lyonnais sait désormais ce qu’il veut. Et délaisse l’architecture pour un CAP menuiserie. Parce que le bois est chaleureux, sensuel. Parce qu’il sent bon. Il enchaîne un CAP d’ébénisterie auprès des Compagnons, obtient son diplôme des Métiers d’Art en 2012. Un parcours en tectonique des plaques, une histoire de glissement. Déjà.

Mon objet incontournable ? Une chaise. Je pense que c’est l’objet le plus proche de l’homme. Et puis, allez savoir pourquoi, tous les designers font des chaises !

AMUSEUR AMUSÉ

Aujourd’hui, Paul Venaille s’amuse. Si ses créations épurées, si sobres en apparence, concrétisent un esprit raisonné, elles révèlent aussi son côté joueur. Il admire Jasper Morrison, rien d’étonnant. Les objets fonctionnels déroulent des courbes harmonieuses et sans excès. Mais le designer apprécie aussi l’exubérance d’un Ron Arad, ou les facéties en trompe-l’œil du plasticien lyonnais George Rousse. Un maître de l’anamorphose auquel il rend hommage en inventant Baby Pop. Une chaise, un jeu d’assise et de carré rouge de confusion. Baby Pop déroute, Paul Venaille se régale : “Fabriquer des objets ludiques, c’est important. Comme il est important de s’amuser en créant. Un objet amusant est un objet différent.”

LE SUCCÈS EST LOIN D’ÊTRE ACQUIS

La consécration ? Pas encore tout-à-fait. Mais les Ateliers d’Art de France reconnaissent la singularité de Paul Venaille en juin 2014. Il n’avait pas prévu ça : “J’ai postulé au concours sans aucune conviction, c’était une énorme surprise ! J’étais en voiture quand j’ai reçu le coup de téléphone, je ne m’y attendais pas. Tout est parti de là…”. Dans la foulée, Tommy Hilfiger lui demande 11 chaises Baby Blue pour meubler ses boutiques. Une commande prestigieuse qu’il tempère : “Le succès est loin d’être acquis. On parle de moi, c’est flatteur, mais je n’y accorde pas vraiment d’importance. Ça me touche, évidemment. Mais il me reste beaucoup de choses à faire”. Du sur-mesure, entre autres, comme cette bibliothèque créée pour la galerie parisienne Galerie and Co 119. A l’ombre de l’atelier de Pantin, Paul Venaille réfléchit à d’autres croquis. Des croquis qui, pour l’instant, ne parlent qu’à lui. D’une voix douce, évidemment.

+ d’infos : www.facebook.com/venaille.paul

millesia remet le couvert

millesia remet le couvert

des hauts et des bas

Des hauts… Des bas, Millesia en a connu depuis 1994. Pour autant, la marque lyonnaise était présente le mois dernier au salon international de la lingerie. Le pari n’était pas gagné, car la marque a une nouvelle fois changée de mains. Les propriétaires se succèdent, mais l’ADN demeure…

Arès avoir connu les trente-sixièmes dessous, la marque reprend le dessus : des salons et des rachats, l’envie d’aller de l’avant sans oublier les fondements qui l’ont positionnée dans le petit monde de la lingerie de luxe made in France, et depuis toutes ces années, en filigrane, un homme, Daniel Perret et une femme, sa fille.

L’HOMME FAIT DANS LA DENTELLE

Avant d’embrasser la carrière dont plus d’un homme rêverait, Daniel Perret a fait tous les métiers. On lui prête celui de coiffeur visagiste et même de vendeur de voitures. Comment en arrive-t-on aux petites culottes? Tout simplement par le jeu des rencontres. La première lui fait intégrer la marque Scandale en 1968. Il grimpe tous les échelons, jusqu’à reprendre les rênes de la société en 1975 avec un associé. En 10 ans, son CA passera de 7 à 50 millions de francs, jusqu’à en atteindre 70 avec la licence Chantal Thomass acquise en 1992.

Mais l’aventure tourne court, Daniel Perret vend ses parts au groupe Top Form et quitte la société un an plus tard, divergence de stratégie avec les nouveaux acquéreurs. Une décision qui ne le laissera pas pour autant au tapis bien longtemps.

Boosté par sa fille Véronique, il fonde la CCLC (Compagnie de Conception de Lingerie et de Corseterie) en 1994. La première collection dessinée à la hâte est un succès. L’entreprise enchaîne les Salons professionnels et se fait un nom dans le sous-vêtement de luxe : Millesia. Les coupes sont précises, les collections inspirées, les finitions impeccables. Elles revendiquent la broderie et osent même les guipures… Fort de l’accueil du public et de la presse en général, Daniel Perret sera de toutes les audaces jusqu’à proposer, pour l’automne-hiver 2003, une collection en cuir et lycra et même un soutien-gorge en aluminium. Show devant !

SANS DESSUS DESSOUS !

En 2007, premier revers. Malgré son haut niveau de technicité, Millesia a du mal à faire face à la concurrence chinoise implacable. La société enregistre de grosses pertes. Le Portugais Luis Aranha, un ancien de chez Nina Ricci, s’en porte acquéreur en 2008. Mais la griffe prend une déculottée. Deux ans plus tard, nouveau rachat par Charles de Tournay, en partenariat avec Daniel et Véronique Perret, ils vont de nouveau faire face à de grosses difficultés fin 2015. Des divergences sur les choix stratégiques conduisent notamment au départ des « propriétaires historiques » et à l’abandon des investisseurs. Après une liquidation prononcée à la fin de l’été dernier, la griffe de dessous lyonnaise passe aux mains d’un nouveau propriétaire, un entrepreneur belge, Pascal de Freyne.

Bien que bénéficiant d’une belle notoriété en France et en Europe, la marque Millesia a quasi disparu du « paysage lingerie » depuis plus d’un an. Grâce à d’importants investissements, Pascal de Freyne espère réactiver le réseau de distribution. Le sphinx tente de renaître de ses cendres. Le nouveau propriétaire souhaite capitaliser sur le positionnement et la renommée de Millesia : le sexy chic. Si la logistique est réalisée depuis la Belgique, le siège implanté au Luxembourg, la création et la conception des collections restent localisées à Lyon et sont pilotés par… Véronique Perret, la fille du créateur originel. Le résultat a été présenté au Salon International de Paris en janvier dernier. Tous les espoirs sont à nouveau permis. Quant aux dessous de la nouvelle collection, ils savent déjà à quels seins se vouer…

+ d’infos : www. millesia.com

 

le pôle pixel fait son cinéma

le pôle pixel fait son cinéma

les toiles de lyon

A Villeurbanne, le pôle Pixel prend des allures de Cinecittà contemporaine. En devenant moteur économique et vitrine régionale, la fourmilière de l’audiovisuel rend ses lettres de noblesse à la capitale des gaules. Action !

L’ancienne friche industrielle fait son cinéma. Animé par Rhône-Alpes Studios, le pôle Pixel rivalise d’excellence avec CITIA (Annecy), Folimage et La Cartoucherie (Valence) et Ardèche Images (Lussas). Consacré dans un premier temps au pur cinéma, il devient protéiforme et flirte aujourd’hui avec les toiles d’araignée du numérique. Et son histoire mériterait bien les honneurs de la pellicule.

DECENTRALISER LA CULTURE

Elle serait tournée ici, à Villeurbanne. Elle raconterait la volonté d’un homme à embarquer la culture au rythme de la Province. Avec un P majuscule. P, comme Planchon.
Nous sommes en 1957, Roger Planchon est un homme de théâtre que Paris n’intéresse pas vraiment. Il crée le Théâtre de la Cité à Villeurbanne, qui deviendra plus tard le TNP (Théâtre National Populaire), et prouve que la décentralisation du théâtre est viable. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour le 7ème art ? Soutenu par le monde du cinéma, Planchon propose la création d’un fond de soutien aux activités cinématographiques. Banco. Actionnaire aux côtés des professionnels, la région Rhône-Alpes devient le premier territoire de l’hexagone à investir en coproduction dans ce domaine. Nous sommes en 1991, Rhône-Alpes Cinéma est né.

MOTEUR ? ACTIONS !

Le modèle est unique. En devenant coproducteur, Rhône-Alpes Cinéma ne se contente pas d’apporter des subventions. L’organisation est actrice, liée aux succès des productions. A leurs échecs, aussi. Il faut démontrer que la région représente un réservoir de décors et de moyens de production, la promouvoir à travers les images, développer l’activité pour générer des emplois. Et le cinéma doit se sentir à l’aise en Rhône-Alpes comme à Paris. Avec un lieu totémique, des décors, des plateaux. En 2002, Roger Planchon convainc la ville de Villeurbanne de construire le premier plateau. Une fourrière à l’abandon jouxte les ateliers du TNP, c’est ici que naît le Studio 24. Planchon ajoute à l’univers caractéristique de l’industrie du cinéma des gradins pouvant accueillir 700 personnes, une fosse, une machinerie spécifique. Les 900 m2 hébergeront les tournages des films, des spectacles de théâtre, de danse et de musique. Rhône-Alpes Cinéma s’installe sur le site, des bureaux de production suivent, des prestataires techniques s’implantent. A une époque où le pouvoir des régions est encore limité, le Studio 24 est une prouesse.

LA QUÊTE DU GRAAL

En 2006, un roi cherche son royaume. Alexandre Astier et ses chevaliers miteux quittent Paris pour revenir au bercail lyonnais, en annexant le Studio 24. Et la table ronde occupe désormais tous les recoins du plateau. Il faut agrandir. Les bâtiments voisins d’une ancienne minoterie fournissent au Grand Lyon un nouveau grain à moudre. 3 ans plus tard, la naissance du pôle Pixel roule dans la farine tous ceux qui ne croyaient pas au projet. Les studios Lumière 1 et 2 s’affranchissent du grand Alexandre, 5 bâtiments sortent de terre. Et tous les métiers de l’image et de l’audiovisuel s’installent progressivement sur cet étonnant Boulogne- Billancourt provincial, dont le cinéma n’est que la partie émergée : “De nombreuses entreprises se sont installées, de tous horizons”, s’enthousiasme Sébastien Thomas-Chaffange, Responsable du pôle. “Nous avons aujourd’hui l’école de cinéma Factory, un auditorium-son pour la post-production, un bureau des auteurs. Côté technique, après Transpalux et Lebras communications, Panavision s’est implanté en 2010. L’idée est d’avoir une sorte de portefeuille d’actions, les valeurs traditionnelles du cinéma comme les start-up dédiées aux nouveaux médias, jeux vidéo, développements d’applications pour mobile, jeux en ligne…”.

VISION LARGE

Le pôle Pixel tient ses promesses. Plus d’une centaine d’entreprises se partagent désormais 16 000 m2 consacrés à l’image dans tous ses états. Cinéma, audiovisuel, jeux vidéo, son, nouveaux médias fourmillent dans cette ancienne friche industrielle. Dernier succès en date, le film d’animation « Ma vie de courgette », Cristal d’or et prix du public au festival d’animation d’Annecy 2016, tourné dans les studios de Rhône-Alpes Cinéma. Le pôle Pixel emploie quelque 600 personnes et ne cesse de grandir. En homme des planches passionné, Roger Planchon eut apprécié le solide échafaudage dont il est l’origine.

+ d’infos : www. polepixel.fr

© Pierre Aubert, Charlotte Désigaud, Nord-Ouest Production, RAC, Fin Août

mathieu viannay 
& la mère brazier

mathieu viannay & la mère brazier

une mère hors pair

La Mère Brazier peut être fière… Si Mathieu Viannay n’est pas issu de la descendance, il œuvre à en faire briller le nom. Et avec 2 étoiles raccrochées sur la porte, l’établissement rayonne comme aux premières heures.

La Mère Brazier, la Mère Fillioux, la Mère Léa, la Mère Blanc… La ville sait ce qu’elle doit au rang des arts culinaires aux mères lyonnaises, entièrement dévolues à leurs fourneaux et affichant des rondeurs de bon aloi. Eugénie en est la parfaite illustration. En 1921, elle ouvre son bouchon «La Mère Brazier», rue Royale dans le 1er arrondissement. En 1929, elle remet le couvert avec un second établissement au Col de Luère.

3 ans plus tard, le Guide Michelin la récompense de deux étoiles pour ses deux restaurants, puis une troisième l’année suivante. Elle est ainsi le premier chef à obtenir deux fois trois étoiles dans l’histoire du guide, suivie par Alain Ducasse en 1997, Marc Veyrat en 2001, Thomas Keller en 2006 et Joël Robuchon en 2012.

Authentique affaire de famille, le restaurant de la rue Royale, qui gardera ses 3 étoiles pendant 35 ans, passe sous la direction de Gaston Brazier, le fils d’Eugénie, puis de sa petite-fille, Jacotte, avant que celle-ci ne le transmette à ses amis Philippe Bertrand et Bob Tosh, en 2004.

Lorsqu’il en devient propriétaire en 2008, Mathieu Viannay sait qu’il vient de s’offrir une image de marque. “Rien n’était gagné, j’étais attendu au tournant !”

A LA TABLE DU PÈRE MATHIEU

Son histoire à lui commence à Versailles en 1967. Elevé en Anjou, il apprend le métier chez Faugeron et Vigato. Fin des années 90, il pose ses valises à Lyon, ouvre les Oliviers, puis un restaurant éponyme dans le 6ème. Et là tout s’enchaîne. MOF en 2004, étoilé en 2005. L’homme est fringant, bien fringué. Son visage d’acteur accroche les medias.

Quand La Mère Brazier est mise en vente en 2008, il se met sur les rangs et l’emporte. Une 2ème étoile scintille à peine les cartons rangés. “J’ai une chance inimaginable. J’essaie de ne pas renier l’héritage d’Eugénie Brazier en le réinterprétant sans cesse”. L’hiver passé, la poularde demi-deuil avec des truffes fraîches s’encocotte avec le homard, servie avec un ragoût de légumes au jus.

Côté cour, le chef a suivi les préceptes de Paul Bocuse et sort de sa cuisine pour asseoir sa notoriété. Son facebook est truffé de teasings sur ses faits et gestes et ceux de sa brigade. Celui sur la toute nouvelle épicerie-comptoir Mère Brazier qui s’étire à Vaise sur 450 m2 est en bonne place. Mathieu en a confié les rênes à sa compagne Florence. Un investissement d’un million d’euros et le recrutement de 20 salariés ont été nécessaires à l’ouverture de ce nouvel établissement. Le portrait d’Eugénie trône à l’entrée. Comme il se doit, elle veillera, en bonne mère.

+ d’infos : www.lamerebrazier.fr

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