design: aprèski homestyle

design: aprèski homestyle

après l’ski vient l’bon temps !

LA VIE ROULAIT PLUTÔT PAS MAL POUR FABRICE AURÉJAC, ET POURTANT… EN 2016, IL POSE SON CASQUE DE MONITEUR MOTO ET CHOISIT DE PRENDRE LE LARGE À FOND CÔTÉ DÉCO. DES SPATULES EN VEUX-TU EN VOILÀ ET UNE MOTIVATION TÊTE DE BOIS, QUAND LA GLISSE PREND SES QUARTIERS EN PLEIN MILIEU DU SALON, C’EST TOUT SCHUSS ET À FOISON !

Parce que ça part de là. Instant thé, apéro, ou fondue façon Bronzés, l’ébéniste de 46 ans ne se lasse pas de ces moments privilégiés après-ski. En famille ou entre amis, un coucher de soleil sur les sommets, une flambée qui crépite ou des rires qui pétillent, c’est tout cet univers réchauffé par les journées d’hiver qui donne du carburant à sa création de mobilier. Plaisir, convivialité et machine à bois bien huilée, quand Fabrice glisse au pays des merveilles, v’là des fauteuils qui tombent à la pelle.

Fabrice Auréjac

PLANTÉ DE BÂTON…

Ça faisait un bout de temps que ça lui trottait dans la tête. Le bois, par contre, pas du tout. Alors quand il décide de raccrocher 20 ans de vie pro pour se consacrer à ses envies homestyle, il relève ses manches, retourne à l’école aussi: “l’idée, je l’avais depuis pas mal d’années, je savais exactement ce que je voulais faire, je ne me suis jamais posé aucune question. C’est ce qui a motivé mon CAP d’ébénisterie.” En 2016, il prend la direction de Vallières pour se former, décrocher son diplôme et donner vie à ses projets. Sa reconversion dans les starting- blocks, y’à plus qu’à… Prêt? Ridez!

COMBINÉ

Il découvre la matière, explore, peaufine et chausse son nouveau boulot. En 2018, il crée Aprèski Homestyle et en avant les spatules : “C’est du mobilier élaboré à partir de skis. Je suis passionné depuis toujours et quand on a grandi dans la région, difficile d’en être autrement ! J’aime autant skier que l’ambiance des fins de journée. Tout ça rajouté au fait que je suis fan de déco…” Ça donne un sacré combo! Noyer, noyer américain, sycomore, frêne ou chêne, il joue des contrastes et utilise différentes essences de bois et ça l’éclate. Accroche lumière, esthétique ou design only, il ne néglige rien et ne laisse surtout aucune place au hasard : “J’avais imaginé les modèles, mais je n’avais pas les prototypes, alors je les ai faits. Et puis les skis, je ne les recycle pas, je les fabrique, je fais tout de A à Z, au moins en ce qui concerne le bois !

COMME DANS UN FAUTEUIL

Il passe un an à plancher avant de se lancer dans la descente, sécurité avant tout si on ne veut pas finir dans les choux. Il crée alors un moule spécifique pour sa matière première, s’achalande de plaquage marqueté ou non en fonction et sort enfin du bois. Vent en poupe et gagne à fond, en 2019, il présente sa collection élégante et cosy so ride: banc, table basse, chaise, fauteuil ou lampe d’ambiance font leur entrée sur les terrasses, petits salons ou dans les salles à manger. Et c’est grâce à son Adironspats qu’il va imposer sa patte : “L’été 2019, j’ai fait le salon Alpes Home à Combloux, un joli tremplin qui m’a permis de signer pas mal de premières commandes. C’est mon fauteuil Adironspats, inspiré des Adirondack américains, qui a eu le plus la cote. Un architecte d’intérieur me l’a même commandé pour son chalet…” Ça remonte à bloc et c’est plutôt flatteur comme carte de visite, non?

DANS LE VENT !

Chaleureux, tendance et passe-partout, d’intérieur ou d’extérieur, pas de jaloux, le mobilier de Fabrice se fond partout, espace contemporain ou chalet authentique. Soucieux de s’inscrire dans un mouv’ actuel, le designer prête une attention particulière aux formes des skis qu’il veut modernes, incruste des Led pour un effet tamisé, vitamine son sujet avec des bois teintés dans la masse pour la touche fashion. Qu’on l’aime brut, avec un plaid moumoute ou un coussin à carreaux douillet, Aprèski vient le bon temps !

+ d’infos : http://apreskihomestyle.com

design: AJD création

design: AJD création

homme des bois

Chêne, hêtre, noyer, acajou… Racé, massif ou précieux, Jérôme Dayot, ébéniste à Excenevex, en connaît toutes les nervures, en respecte les moindres nœuds ou lignes, et pour fabriquer ses meubles aériens, fait vœu de tout bois.

Entre ses mains, une petite porte carrée, datée, au feutre bleu, de 1994. C’est la toute première qu’il a réalisée, elle vient de Bretagne et le suit partout. “C’est le souvenir à la fois de la personne avec qui je l’ai faite, et de l’attention qu’il m’a donnée, de la transmission du geste et de son savoir-faire.” Jérôme n’a que 13 ans à l’époque et il vit dans les Côtes d’Armor, près de Lamballe. Enfant d’agriculteurs, ce ne sont pas les animaux qui le passionnent, mais le matériel et la technique, depuis tout petit : à 4 ans, il conduisait le tracteur familial, y arrimait une remorque à 6, l’emmenait sur les routes à 10. Il aime donc les engins, et pour les manipuler, il faut être entrepreneur agricole. Son sillon est tout tracé. Mais sa mère le laisse un jour entre les mains d’un oncle menuisier. Peut-être a-t-elle entrevu, chez ce garçon qui fabrique déjà des petits tabourets et tout un tas d’objets, une autre destinée… La magie opère en effet, car c’est là, dans cet atelier qui sent la sciure et la résine, qu’il tombe littéralement amoureux du bois : “ce qui m’a fasciné dans cette matière, c’est tout ce qu’on pouvait en faire…” Il commence par une petite porte carrée.

L’essence du devoir

Ebéniste ? A ses oreilles d’ado, il y a dans ce mot quelque chose de religieux. Et la formation qu’il entame auprès des Compagnons du Devoir, à Rennes, a effectivement quelque chose du sacerdoce. “C’était dur. A 14 ans, je bossais en atelier 39h par semaine, avec 2h de cours du soir en plus, et j’étais le plus jeune, la caisse à outils était aussi lourde que moi ! Mais il fallait se donner les moyens. Et même si j’ai une certaine dextérité à l’origine, c’est vraiment au travers du travail que je me suis fait.” Son engagement paie : 3 ans plus tard, il décroche la médaille d’argent du meilleur apprenti de France.
Il continue ensuite, auprès de ses différents patrons, à repousser les limites du faisable : mobilier, agencement de luxe, horlogerie, bijouterie, escalier en marqueterie… “Tout était permis et possible !” Même de lancer sa propre entreprise, ce qu’il fait à Angers en 2009. Et pendant ces premières années, la quête de la perfection technique reste sa priorité. Sa croix. De 3h du matin à 21h, 7 jours sur 7. Sans regarder en arrière. Jusqu’au moment où, il y a 5 ans, il entend les premiers mots de sa fille : “Papa boulot”. Il prend alors sa famille sous le bras, direction la Haute-Savoie et les bords du Léman, pour tout changer. Ou presque… “Je veux être performant, donc je me donnerai toujours à 100 voire à 200%”, reconnaît-il.

Contrôle technique

“Ce qui continue à me passionner, c’est le travail de la matière et le défi. Pour moi, l’ébéniste est un créateur : il a créé le meuble, en a écrit l’histoire, puis l’a recopié à la perfection. Aujourd’hui, les jeunes veulent être des créateurs libres, mais on ne peut pas l’être si on n’a pas un sens aigu de la technique”. C’est pourtant un jeune, un de ses apprentis sorti de l’Ecole Boulle, Fabien Masnada, qui ébranle un jour ses convictions. “Il m’a dit, vos meubles, c’est bien mais… ils sont moches. Et m’a appris la collaboration entre designer et ébéniste : tout ce que nous avons imaginé ensemble était le fruit d’un échange”.
Avec l’expertise de Jérôme et sa connaissance des essences, lignes droites et coups de crayon donnent naissance à un mobilier guidé par deux principes : le beau et la légèreté. Un bureau dont le plateau et les pieds sont de la même épaisseur ; un buffet avec un impressionnant porte-à-faux, un décalé de hauteurs et un fil de bois parfait qui court d’une porte à l’autre ; une table dont les pattes ont été découpées comme si l’on avait entaillé la peau d’une orange… Et aujourd’hui, “quand un designer fait un croquis qui ne tient pas debout, ce n’est pas grave, je ne le frustre pas, j’essaie de comprendre, de mettre mon métier à profit pour l’accompagner et soutenir son design. Parce que j’adore créer des meubles qui intriguent, mettre sans cesse ma technique à l’épreuve – on y revient ! – mais ma quête, c’est qu’on l’oublie, cette technique. Car les belles choses ne tiennent à rien, à ce qu’on ne voit pas forcément.”

+ d’infos : http://www.ajdcreation.com

visite : maison bourgeoise à Sainte-Foy

visite : maison bourgeoise à Sainte-Foy

Terrain de jeu

Du chahut, des rires, des bons moments et le bonheur se ramasse à la pelle sur les collines de Sainte Foy. A quelques pas de Lyon, une vieille maison bourgeoise laisse éclater sa joie : tant qu’y’a de la vie, y’a de l’histoire…

Et c’est justement pour cette raison que Stéphanie, Antoine et leurs enfants sont arrivés là en avril 2018. Installés dans un appartement confortable du 2e arrondissement lyonnais, le couple attend son 4e enfant, un 3e garçon, et comme dit la jeune femme “on avait déjà bien usé les nerfs de nos voisins avec les deux précédents, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose, qu’on ne pouvait pas rester ici éternellement, tout deviendrait vite compliqué.” La vie, je vous dis !! Mais ils ne sont pas prêts à tout. Ils aiment la ville et les facilités citadines, leur fils aîné, collégien, fait déjà ses trajets tout seul, leur fille suit de près, hors de question de les couper dans leur autonomie. Cahier des charges de dingue dans les mains, Stéphanie commence ses investigations. Les recherches sont pointilleuses, le coup de cœur loin d’arriver : “On voulait être du bon côté de Lyon, sur la colline de Sainte Foy et pas loin du centre. On était très bien dans notre appartement, il était grand, entièrement refait, avec une belle vue. On l’adorait et on ne serait pas parti pour moins bien”. Pas gagné l’affaire ! Quand un coup de fil a mis tout le monde d’accord…

Service gagnant

“Une de mes connaissances Instagram, qui savait qu’on prospectait, m’a contactée au sujet d’une demeure qui n’était encore pas sur le marché. Sur le papier tout était bon. Bien placée, proche des transports, à 5 minutes en voiture de la place Bellecour, c’était une vieille maison bourgeoise du 19e siècle pleine de cachet, rénovée, mais pas modernisée, les volumes convenaient, pas mal de choses étaient à faire pour la réactualiser, mais vu tout ce qu’on avait déjà fait dans l’appartement, je savais où j’allais.” En moins de deux, Stéphanie contacte son amie architecte Aude Dumont, il ne faut pas traîner, l’opportunité est rare. “Avec Aude, on a les mêmes goûts, alors ça fonctionne bien. J’avais besoin de son aval pour la faisabilité des travaux, son œil technique est très précieux. Elle a validé et tout s’est fait comme ça.” Le temps des papiers et du branle-bas de combat et voilà la maison sans dessus dessous. 300m2 et 6 mois de travaux plus loin, la tribu débarque. A vos marques !

Coup droit

L’équipe investie ses quartiers et réveille les murs des 6 chambres toute chamboulées. Parce que si le couple n’a pas cassé énormément, l’étage a pris un bon coup de vent : “Quand on a acheté, les chambres n’avaient pas toutes vue sur Lyon et c’était dommage. On a donc permuté avec des salles de bains, inversé et re-proportionné au maximum. C’est le plus gros boulot de démolition avec les sols.” Gros carreaux black and white façon damiers, carrelage moche en bas de l’escalier, un hall immense et 4 mètres sous plafond, c’en est trop, Stéphanie part en guerre contre l’austérité ! On réchauffe avec du parquet et du vert gris dans l’espace de circulation du 1er étage et on use de la couleur, l’arme maîtresse de la maison. Si toutes les huisseries sont peintes en noir pour donner profondeur et sobriété, les murs s’habillent de tons modernes et classes, très efficaces ! Marine, rose pâle ou bleu soutenu, la lumière s’accroche et permet pléthore de désidératas déco, tapis, tableaux et couettes à gogo. C’est douillet et ultra cosy, vous pouvez me laisser là sans souci ! Mais la curiosité m’appelle. Celle du lieu, des jolis cabochons du rez-de-chaussée, de l’escalier en pierre d’époque, qui doit en avoir sous la semelle à raconter…

Ça matche !

“On a conservé tous les éléments anciens, qui ont une histoire. Les parquets en chêne, les cheminées en marbre – la maison ayant appartenu à des marbriers – les portes à petits carreaux dans la cuisine, toutes les huisseries, le grand miroir de l’entrée dans son jus, qui rend si bien. Tout ce qui faisait le charme de la maison est là !” Et bien là ! Dans un bain de lumière, de noir moodboard et de contemporain, l’esprit bourgeois du 19e siècle explose. Et Stéphanie, fan de meubles et de beaux objets, s’en amuse sûrement un peu. “J’aime le mélange de tout. On a du mobilier et des tableaux de famille que j’adore, qu’on avait à la base et que j’associe à du plus contemporain. Je suis passée d’un appartement à une maison, mais je n’ai pas changé mon mobilier ! Chaque chose est à sa place et je ne me séparerai de rien. Soit je les ai choisies, soit elles m’ont été rapportées. Ça peut être un petit carnet à l’imprimé superbe, rapporté d’Inde par mes beaux-parents, un tapis de voyage, une petite boîte ou un cadre acheté dans une vente aux enchères, je suis attachée à ma déco et reste très fidèle  !” Lampe bouteille ou Pipistrello, canapé effet vintage ou fauteuil jaune curry, banquette Louis XV, chaise opéra chinée ou console de fer noire ultra design, meubles et objets s’imbriquent avec peps et élégance et créent leur tendance. Des palmiers tapissés aux murs de la salle à manger, aux suspensions à pampilles éclairées, coupelles, chandeliers dorés ou table banquet, ici, bonne humeur et convivialité se renvoient la balle… De là à faire un petit clin d’œil au terrain de tennis d’époque, qui attend d’être relooké… Jeu, set et match ! Cette maison, c’est bien joué !

Photos : Frenchie Cristogatin

Visite: un chalet à Val d’Isère

Visite: un chalet à Val d’Isère

Voyage en bichromie

Dans notre monde complexe, les choses sont rarement noires ou blanches… elles peuvent être les deux ! C’est vrai, pourquoi choisir entre l’ombre et la lumière, une vérité et son contraire ? Alors couleurs franches, contrastes et jeux de brillance, bienvenue en Bichromie ! Et à Val d’Isère.

Margaux Mattis est hôtelière. La rénovation régulière des chambres de son établissement lui sert de labo déco et elle compte pas mal de chantiers à son actif. Mais dans cet appartement dont elle veut faire sa résidence principale, sous le toit d’un grand chalet qui en compte quatre, elle a mis tout son cœur. “Dans les travaux, d’une manière générale, je participe énormément, j’ajoute mon grain de sel et je fais beaucoup modifier les plans, parce que j’ai une idée très précise de ce que je veux. Et cet appart’, je m’en suis vraiment occupée de A à Z !”
Cette année-là – on est en 2016 -, Margaux a envie de noir et blanc. “Je marche au feeling et au coup de cœur à l’instant T, c’était mon état d’esprit du moment, d’ailleurs, ma voiture aussi était black&white.”
Parce qu’avant de diriger l’hôtel familial, à Val d’Isère, cette quadra au caractère bien trempé a affûté ses goûts au gré de ses voyages et de ses différentes expériences professionnelles, notamment dans le prêt-à-porter de luxe, chez Valentino ou Roberto Cavalli. “J’ai vu beaucoup de choses magnifiques, ma sensibilité au beau vient peut-être de là. En tous cas, j’ai donné du fil à retordre à l’architecte d’intérieur, j’imposais beaucoup de choses à ma manière !”

Noir c’est noir, et il y a de l’espoir !

Ce qu’elle impose, dès le début, c’est la lumière. “Mais le premier architecte me fermait toute la hauteur sous plafond, je trouvais que c’était dommage de ne pas voir la structure, qui est très belle. J’ai donc fait tout ouvrir et mettre des fenêtres.” Vient ensuite ce désir de bichromie, qui donne d’ailleurs lieu à un malentendu avec le peintre : “ce n’est pas ce que nous avions décidé, mais quand je suis rentrée le soir, il avait peint toute la charpente en noir… et ce n’était pas mal du tout ! C’est une erreur qui se termine bien.” Et à partir de laquelle il faut composer le reste, à l’exception des chambres des enfants, plus traditionnellement déclinées en rose, marine et bois blanc.
L’architecte en charge de la décoration intérieur, c’est le Savoyard Jean-Michel Villot, à qui Margaux a déjà confié plusieurs tranches de son hôtel. Il récupère le plateau de l’appartement vide, en imagine avec elle l’agencement des pièces, mais le total ébène, pour lui, c’est une première : “on a pour habitude de laisser les bois naturels ou les peindre en blanc… Le noir, ça nous a surpris. Il a fallu jouer sur les chromes, chercher des choses qui pouvaient amener de la lumière ou sur laquelle elle pouvait se projeter, car le noir, lui, l’absorbe.” C’est le cas du métal noir et mat de la magistrale cheminée à vapeur d’eau, qui s’étend sur tout un pan de mur en face de la baie vitrée : elle en absorbe peut-être la forte luminosité, mais elle l’adoucit surtout.

Ebony and Ivory

Car si l’ensemble est contrasté, il n’est ni heurté, ni glacial. Le noir couvre les sols et les plafonds, mais il côtoie des murs blancs, évidemment, et de nombreuses parties vitrées. Entre le salon et la salle de bains de la suite parentale par exemple, verre transparent d’un côté, miroir sans tain de l’autre – je vous laisse deviner dans quel ordre – ; pour sécuriser la mezzanine de la chambre d’enfant, sans l’obscurcir ; dans la partie haute des cloisons de chaque chambre, sous forme d’ouverture triangulaire donnant sur le couloir ; ou tout simplement sur les placards de la cuisine ouverte, dont le verre noir renvoie les lumières du salon.
En alliant clair et foncé, le mobilier, quant à lui, joue la médiation, la transition d’une couleur à l’autre : version encre et beige sur l’immense canapé Jean-Paul Gautier ; pointillisme de gris sur les assiettes Fornasetti ; robe pie sur la peau de la chaise longue Le Corbusier ; ou mariage mixte sur la baignoire, “très belle, mais pas très confortable…”, reconnait Margaux. Une collection de classiques du design que cette accro à la déco, habituée du salon Maison&Objet, associe à des clins d’œil animaux, carrés de fausses fourrures blanches et noires jetées çà et là, patères caribou, trophées laqués… quand la chambre, elle, devient carrément le territoire de l’ours blanc : “c’est un très bel animal, majestueux, reposant, qui m’apporte beaucoup de sérénité”.
Cette paix comme en apporte aussi la vue, sur la mythique face de Bellevarde qui descend de son rocher jusqu’au village de Val d’Isère, dont on voit le centre et le quartier de la Daille. Une vue qui, l’hiver, fait largement pencher la balance chromatique en faveur du blanc et dont Margaux n’a voulu se priver dans aucune des pièces. Chaque chambre a son balcon, et dans sa salle de bains, au-dessus du lavabo, elle a même fait remplacer le traditionnel miroir par une grande vitre carrée… Parce que, vous l’avez compris, quand elle a une idée, personne ne lui fera en changer, et ça, c’est comme si c’était écrit noir sur blanc.

Photos : Christian Arnal

+ d’infos : www.jmvresort.com

Design: Katerina Kamprani

Design: Katerina Kamprani

Virée en absurde

Un arrosoir au cou tordu, des bottes en caoutchouc qui prennent la pluie, une fourchette au manche mou… La fonction d’un objet ? Katerina Kamprani, qui sera exposée en décembre à la Cité du Design de Saint-Etienne, la questionne, la détourne, la maltraite et… s’amuse beaucoup !

Katerina est une architecte athénienne de 38 ans. Il y a une dizaine d’années, sa grande passion pour l’objet l’entraîne dans un master de design industriel qu’elle ne terminera jamais. De cette voie qui paraît sans issue, elle sort pourtant une série d’objets loufoques, totalement inédits et délibérément inconfortables, qui occuperont une place de choix au sein de l’exposition stéphanoise « Flops, quand le design s’emmêle ». Mais, ne vous y trompez pas, si elle aborde tout ça avec beaucoup d’humour et d’espièglerie, pour Katerina, “l’absurde est une affaire très sérieuse”…

Activmag : D’où vous est venue cette idée de l’inconfortable ?
Katerina Kamprani : C’était à un moment où les choses n’allaient pas très fort, il y avait une crise économique en Grèce, je n’avais pas fini mon master, j’avais l’impression que je ne réaliserais jamais mon rêve de devenir designer…

Vous étiez en situation d’échec ?
Complètement ! Mais ce n’est jamais facile d’accepter que vous en avez besoin pour progresser ! Pourtant, c’est l’échec qui vous indique la bonne direction, parce qu’il vous montre où ne pas aller, il ferme certains chemins et en ouvre d’autres. Quand vous êtes dans une impasse, c’est là que vous devez tout repenser.

Et vous, vous avez pensé à des objets improbables…
En fait, ça a commencé par le croquis d’un toilette, trop haut, pour lequel il fallait une échelle. Je ne sais pas pourquoi je l’ai dessiné, mais je l’ai trouvé très drôle ! Du coup, je me suis dit : si, au lieu d’essayer de plaire, d’imaginer la meilleure interaction possible avec un objet, je faisais exactement le contraire ? Si je faisais quelque chose de difficile à utiliser, déplaisant, inconfortable… Mais sortir des idées s’est avéré très dur, et j’ai trouvé ça fascinant ! Pourquoi était-ce si difficile de mal concevoir quelque chose ? Il fallait oublier tous mes préjugés, tout ce qui paraissait évident… J’ai commencé par des petits objets faciles à reconnaître.

Mais inutilisables ! Et ils ont fait votre succès, c’est assez inhabituel pour un designer…
C’est vrai ! Mais j’ai essayé de penser des objets que tout le monde pourrait comprendre. Même ceux qui utilisent des baguettes savent ce qu’est une fourchette, ils peuvent comprendre la plaisanterie. Et puis, ils ont plutôt l’air sympa ces objets, ils n’ont rien d’agressif. Ils ont surtout des qualités qui pourraient être utiles, alors le cerveau cherche comment, il essaie de les faire fonctionner, c’est comme un casse-tête… C’est pour toutes ces raisons que ce projet a très bien marché, notamment sur les réseaux sociaux.


Vous dites que vous les avez imaginés pour agacer les gens, les faire rire aussi, mais y-a-t-il un message ?
Au début, c’était vraiment juste pour rire. Mais finalement, quand les gens voient mon travail, ils réalisent tout ce qu’il a fallu que je comprenne moi-même du design, c’est-à-dire que tous les objets que nous utilisons tous les jours ont été très bien pensés : la toute première cuillère ne ressemblait pas à ce qu’elle est aujourd’hui et le moindre détail aurait pu la rendre inutilisable. On ne doit donc pas prendre leur forme pour acquise, ne pas oublier qu’elle a été pensée et repensée à travers les siècles pour aboutir à cet objet qui répond parfaitement à nos besoins.

Y’a-t-il des objets, réels, que vous trouvez inconfortables ?
Les applis, les sites internet… L’inconfort est une qualité de pas mal de systèmes que nous utilisons aujourd’hui, non ? Parce que tout ce qui porte une innovation, qui a été imaginé pour résoudre un nouveau problème est souvent inconfortable pour commencer. Il faut du temps, de l’évolution, de nombreux essais pour réussir à en faire quelque chose qui soit à la fois esthétique, confortable et puissant.

+ d’infos : www.theuncomfortable.com
visite de maison à Fourvière

visite de maison à Fourvière

Rénovations à la chêne

Il en fallait de l’imagination pour voir tout le potentiel d’une étroite maison de poupée délaissée quand on débarque avec 4 enfants grandeur nature ! De l’imagination ou une super copine architecte…

Attirés par la situation exceptionnelle de cette propriété campée sur la colline de Fourvière, dominant tout Lyon, Marie et Louis ont pris le risque de s’aventurer dans ce projet, alors que le terrain est soumis à de très fortes contraintes. Subsiste une petite maison d’une surface de 50m2 sur deux niveaux, datant de la fin du 19e siècle, très étroite à laquelle sont accolées trois extensions disgracieuses construites dans les années 80… L’ensemble est à l’abandon, peu fonctionnel, trop petit et mal articulé pour cette famille nombreuse. Mais le potentiel et le charme sont là, avec en prime une vue unique sur la Capitale des Gaules. Le couple confie le projet de rénovation à leur amie architecte Aude Dumont. Dans cet environnement naturel chargé d’histoire, cette dernière va s’attacher à combiner le charme de l’ancien avec un esprit contemporain.

Un projet d’envergure

Le chantier s’annonce difficile, les contraintes du site sont tellement importantes que la maison s’est construite autour. Le terrain est en pente et l’accès à la propriété se fait depuis un escalier extérieur qui s’enroule autour d’un vieil if que le couple souhaite garder. Aude Dumont va repenser l’intégralité de l’espace, créer des ouvertures sur l’extérieur et travailler la vue. “L’idée était de recréer un lien entre le jardin, l’habitation et la vue par un jeu de terrasses de plain-pied avec les niveaux de la future maison.” Tournant le dos à Lyon, la maison mère est en partie conservée, l’autre partie est démolie, puis rebâtie pour s’articuler autour de cet environnement extérieur. L’entrée est l’axe de rotation entre la façade existante conservée et la nouvelle volumétrie.

Une fenêtre sur la nature

La nature est au cœur du projet. En prise directe avec l’extérieur, la maison profite de larges ouvertures qui laissent entrer le végétal. Une condition incontournable pour le couple qui souhaite prolonger le jardin à l’intérieur. Ainsi, dans le salon et la salle à manger, les baies vitrées donnent sur les érables alentour et laissent entrer la lumière. “Nous voulions un salon ouvert sur la végétation avec une cheminée. Comme nous aimons particulièrement l’habitat de montagne, nous avons choisi d’habiller le plafond de bois pour apporter une touche naturelle chaleureuse”, explique Marie. Des tasseaux de chêne clair rythment la pièce et apporte un esprit chalet contemporain, complété par un tapis en agneau de Mongolie venant adoucir le béton brut de la cheminée, et le tour est joué !

Une déco inspirée

Côté salle à manger, un claustra en tasseaux de chêne massif structure l’espace et laisse deviner la cuisine. Disposée verticalement, cette séparation ajourée crée un jeu géométrique rectiligne. Le même principe est repris au plafond habillé de tasseaux de bois blond.
La couleur n’est pas oubliée dans ce projet. Le vert sourd des façades de cuisine apporte du caractère à la pièce, en réponse au sol en carreaux de ciment. Alors que dans la chambre parentale, ce sont des teintes douces et des matières chaleureuses auxquelles on fait appel pour créer une harmonie délicate et une ambiance cocooning propice à la détente.
Le noir mat souligne les espaces comme les façades de rangement encadrant la vitrine de la salle à manger réalisée en chêne clair. Telle que Marie l’avait imaginée, semblable à un écrin, ce meuble sur-mesure permet d’exposer la vaisselle ancienne, la verrerie, les pièces d’argenterie et de design. Conseillé par Hyggelig pour tous les papiers peints de la maison, le couple a opté, dans le salon, pour un décor panoramique de pins parasols inspiré d’une peinture illustrant les jardins de la Villa Borghese. Marie confie : “Ce panoramique de paysage italien m’a séduit tout de suite par ses nuances de verts profonds et l’envie de recréer un paysage végétal faisant écho aux arbres du jardin.”

Des espaces bien pensés

Le rez-de-chaussée de la maison distribue les espaces de vie familiaux comprenant à gauche de l’entrée, la salle à manger, la terrasse de plain-pied avec vue sur Lyon et la cuisine et à droite le salon et l’espace parental. Le premier étage de la maison ancienne, situé au-dessus de la cuisine et la salle à manger, distribue une pièce servant à la fois de bureau et de salon télé et la chambre et salle de bain du fils ainé. A l’étage de la nouvelle construction se situe la zone des filles et ses trois chambres. Configurées sur le même modèle, chacune comprend un espace de jeu ouvert sur une terrasse avec vue sur Lyon. On accède à l’espace nuit par un petit escalier où se trouvent le couchage et le bureau. Ces espaces de couchage ont une hauteur inférieure à 1m80 permettant ainsi d’augmenter la surface au sol tout en respectant les contraintes réglementées des surfaces à construire. Les chambres des filles peuvent être reliées directement à l’espace de leur frère par le jeu de terrasses extérieures. Tentant, non ?

Photos : Frenchie Cristogatin

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