mec plus-ultra : Pascal Légitimus

12 Déc 2020

Un inconnu à découvert

Des Antilles à Auteuil Neuilly Passy, son ghetto united colors of bande de cons, dans une banlieue pas rose, voire morose, force jaune devant marron derrière – désordres intestinaux oblige-, Pascal Légitimus se confie sur son destin, en attendant que Manu, il descende. Pour quoi faire ? Pour qu’on lui dise que c’est lui qu’on l’aime vachement beaucoup ! C’est darty mon kiki !

Arménie, Ethiopie, Martinique et Guadeloupe tout mélangés, si on devait refaire son arbre généalogique, on cultiverait l’exotisme, et ça tombe bien ! Parce qu’à 61 ans, Pascal Légitimus impose par son côté solaire et dépaysant, une bienveillance dans les mots, planquée derrière un humour tout terrain. Acteur, auteur, metteur en scène, il rajoute même à ses cordes, celles de guitariste… Et si je vous dis qu’il est cousin éloigné de Laurent Voulzy ? Même pas étonné… Sacré cocktail, hein ? Entre métissage culturel et bonne humeur, il s’est livré à quelques confidences matinales, en toute simplicité.
Retour sur un sacré destin qui n’était finalement pas tout tracé.

Activmag : Une famille incroyable d’acteurs, journalistes, comédiens… On n’échappe pas à sa génétique ?
Pascal Légitimus : Et il y a même des hommes politiques ! C’est qu’avec ce nom, Légitimus, il faut être à sa place, légitime. Et gamin, je n’étais pas du tout destiné à devenir ce que je suis. J’étais un garçon introverti et timide, l’inverse d’aujourd’hui. Je souffrais d’une certaine carence affective, due à une maladie des os qui m’a conduit à séjourner souvent dans les hôpitaux. Et puis vers 15 ans, j’ai perdu ma mère. Mon père s’est retrouvé avec 4 enfants dont je suis l’aîné. Et alors que j’étais plutôt un bon élève, au lycée, j’ai perdu le goût des choses, et c’est mon père qui m’a fait faire du théâtre. Il a pensé, à bon escient, que cela pourrait me sortir de ma torpeur et il a bien fait ! Ça a été le déclencheur. M’exprimer physiquement et mentalement, endosser des personnages… Ce qui a commencé comme une thérapie est devenu un plaisir, puis un métier.

C’est là que le mode humour s’est enclenché ?
Tout est venu naturellement. Mon introversion m’a permis de développer d’autres sens. Je passais mon temps à observer les gens, sur les terrasses de café, dans le métro, dans la vie de tous les jours. Et j’ai commencé à analyser les non-dits, les non-vus, les sous-entendus, le second degré, les sentiments subtils, que je me suis mis à rejouer. J’ai ainsi développé cette faculté à reproduire tout ce que je vois. Comme une éponge, un extracteur et un diffuseur. Polymorphe, je me déguise, me métamorphose, interprète un travesti, un type accusé de viol, je peux prendre 4 kilos, me vieillir… A chaque fois, j’essaie de ne pas avoir les mêmes intonations ni démarches, de changer mon intérieur. Avec Les Inconnus, on a interprété des milliers de personnages plus vrais que nature. Tout ça pour dire que c’est parti de là, de cette timidité !

Comment Les Inconnus sont arrivés ?
Avec Didier Bourdon et Bernard Campan, on s’est connu dans les années 80, au Café Théâtre où on jouait. On était tout une bande, Mimi Mathie, Michèle Bernier, Smaïn, Laspallès et Chevalier aussi… A partir de 83, on s’est tous retrouvés au Théâtre de Bouvard, pendant deux ans, sur Antenne 2, dans une émission qui a battu des records d’audience. On faisait 18 millions de spectateurs. C’était avant le journal, donc forcément… Mais vous imaginez : 18 millions de spectateurs ! Et alors qu’on commençait à réfléchir à une carrière individuelle, le groupe s’est formé très simplement, par affinités artistiques, en 1985.

Vous aviez à peu près 30 ans alors, qu’est-ce que vous retenez de cette période ?
De 1985 à 95, ça a été fulgurant ! On a eu tous les prix possibles et imaginables. Mais on bossait énormément. On a toujours tout écrit à 3, c’était de la cuisine interne, et c’était très intense : on a fait du théâtre, des sketchs, de la radio, du cinéma…

Et comment passe-t’on d’un inconnu total à un inconnu viral ?
Ça, c’est à vous de me le dire ! C’est compliqué d’expliquer une recette comme celle-ci. L’humour a sa part sans doute. L’auto-dérision surtout. Je me suis souvent moqué de mon métissage, en imitant les Arabes, les Noirs, et même les Chinois ! J’étais un peu la caution de SOS Racisme, à l’époque. Et parce que j’étais là, on pouvait se permettre de faire des sketchs un peu plus poussés, plus critiques sur le racisme ou l’immigration. Didier étant pied noir, on en a joué également et Bernard, c’est plutôt le Français tourangeau. A 3, on représentait la société française, on attaquait et on reproduisait tout ce qu’il y avait autour de nous. Et du coup, les gens pouvaient s’identifier facilement, souvent, on entendait “ben oui, c’est ça, ils ont raison !

Chacun sa spécialité ?
Chacun apporte un peu «son manger», oui. Didier, c’est la mise en scène, Bernard est plus sur le texte et moi, j’ai beaucoup d’imagination et d’idées. Après, c’est à géométrie variable ! La clé, c’est peut- être qu’on est des acteurs avant tout. Il y a beaucoup d’humoristes qui sont très très bons, mais si on leur demande de jouer un homosexuel du 18e, c’est compliqué. Moi, si on me sollicite pour faire un bourgeois avocat père de famille serial killer, pas de problème. On est acteur, on a une vision de la société et on s’exprime dessus, avec notre humour, au second ou un troisième degré, en étant toujours bienveillants. Après, il y a des sujets trop touchy, dont on ne peut pas rire, d’autres, sensibles aussi, où on peut aller, le tout, c’est d’y mettre la forme.

J’étais un peu la caution de SOS Racisme… On pouvait ainsi se permettre de faire des sketchs un peu plus critiques sur le racisme ou l’immigration. Didier étant pied noir, on en a joué et Bernard, c’est plutôt le Français tourangeau…

Un Inconnu connu, ça change une vie ?
C’est le Théâtre de Bouvard qui m’a popularisé en France. Je ne pouvais pas prendre le métro en 1983 ! Au début, on disait : “tiens, c’est le Noir de chez Bouvard !”. Après, c’était : “comment il s’appelle déjà… Minus, Timus…” Aujourd’hui, quand je suis dans la rue avec deux potes, c’est “Pascal, avec deux blacks !” Ça évolue… Après, Les Inconnus, ça nous a propulsés. Pour autant, on n’est pas people, on est normaux et c’est important. Beaucoup d’artistes aiment être devant, moi, ce n’est pas mon truc. Quand je suis dehors, je rase les murs, je me cache. Je suis tout l’inverse du “Regardez, c’est moi !”. Vous ne me verrez jamais en photos dans ma piscine en slip ! Je n’ai jamais acheté de voiture de luxe, j’ai toujours la même depuis 30 ans, elle est solide. Je n’aime pas l’ostentatoire, je préfère l’intérieur à l’extérieur.

Et le côté gentleman que vous affichez sur les réseaux ?
C’est ce que je suis : un gentleman, un mec gentil. Personne ne vous dira que je suis un enfoiré. Je le revendique, j’essaie d’être un homme bien, jusqu’à ma mort.

Et 30 ans plus tard, quel regard portez-vous sur vos 30 ans ?
Jamais je n’aurais pensé vivre tout ça. Mais je ne dirais pas que c’est de la chance, j’ai beaucoup travaillé, je mérite ce qui m’est arrivé et je ne regrette rien, c’est légitime. Le seul bémol, c’est d’être toujours assimilé à un groupe. Parfois, on aimerait bien vivre tout seul. Je ne cours pas après le succès pour le succès, mais j’aimerais qu’on ne me bloque pas pour avancer dans mes projets. Je veux continuer à dire des choses fortes, enrobées d’humour, avec de la profondeur… du sens.

C’est le cas aujourd’hui ?
Ça va, mais c’est souvent arrivé qu’on me trouve trop «typé» pour un rôle, trop métissé. Autant Didier Bourdon a ses côtés à la Clavier, chef de clan, chef de famille, bourgeois… Bernard lui, c’est plutôt les victimes, et moi… je n’ai pas d’emploi ! Les gens ne savent pas où mettre un mec comme moi. C’est le seul regret que j’ai et je me bats pour ça ! A force, on y arrive, mais c’est bien moins fluide qu’ailleurs, aux Etats-Unis ou en Angleterre. On nous prend pour notre apparence, alors que je pourrais jouer un juge, un avocat ou un médecin… Bref, au bout de 30 ans, je me dis que c’est super, mais qu’il y a encore des batailles, des préjugés à combattre auprès des décideurs dans cette profession, pas des Français. Les Français m’adorent…

Vous avez pris votre propre chemin, seul ou bien accompagné ! Quelle est votre actu ?
J’étais récemment sur les planches dans «L’ordre des choses», une pièce mise en scène par Richard Berry, on a fait 40 dates qui ont cartonné ! J’ai fait beaucoup de scènes, de télé dans des séries, seul le cinéma me boude un peu, mais ça va ! Aujourd’hui mon actu est la sortie de mon livre l’Alphabêtisier, voyage en termes inconnus, un ouvrage de mots qui n’existent pas… Mais qui pourraient ! Ce bouquin-là, c’est toute ma philosophie de vie. Il y a un mois, j’ai eu le prix du Lions Club avec. Il y a des sketchs, des chansons… Allô maman bio bio, comment tu m’as fait j’suis pas bio… Le principe, c’est de s’amuser, de prendre un mot, d’enlever une lettre et d’en rajouter une : Banqueroute devient banqueprout, définition : une banque qui sent le gaz… Dépot-vente devient dépôt-ventre, définition : femme porteuse… On a aussi créé des épitaphes, celle de Macron par exemple : “Et Manu, tu descends ? C’est déjà fait…”. Sinon ? j’écris un long métrage sur les erreurs médicales. En fait, je m’exprime, quel que soit le support !

Et les inconnus, une actu bientôt ?
Il faut demander à Bernard ! Didier et moi on est toujours partants, c’est Bernard qui freine, il a envie de faire autre chose et je le comprends.

Et dans 30 ans ?
Je ferai la pub pour Oncle Bens ! Pourvu que ça dure ! Si on pouvait dire dans 30 ans : ce mec-là, il a fait avancer des choses, il a fait un peu évoluer, bouger les curseurs… Que mon passage sur terre n’ait pas été vain, ce serait bien.

© Roch Armando/ Getty Images
© Pascal Ito

Magali Buy

Magali Buy

SURNOM : Mag... (d'ailleurs activ'mag c'est pour moi, non ?) PERSONNAGE DE FICTION : Xéna la guerrière OBJET FETICHE : mon piano, il m’écoute, me répond et me comprend mieux que personne. ADAGE : « si tout le monde sait où tu vas, tu n’arriveras jamais à ta destination. Laisse-les croire que tu dors.» JE GARDE : mon mauvais caractère, ma langue bien pendue, mon cœur ouvert et mes yeux verts JE JETTE : mon insécurité, ma cellulite et ma paranoïa... DANS 20 ANS : la même en pire, si c'est possible !

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