DESIGN : API R BOIS

DESIGN : API R BOIS

BE API !

Rien ne se perd, tout se transforme ! Du déchet au design, il n’y a qu’un coup de scie (ou presque!). Pierre Roussat, menuisier, redonne vie à un berceau rococo, magnifie des tiroirs très rasoirs, transcende un plancher usé ou réanime un volet ébréché. Dans son atelier de Saint Pierre de Soucy, près de Montmélian, il bûche dur pour donner de la voie aux bois de guingois.

Le bois sans issue, Pierre n’en veut plus. Agacé par le gaspillage et la production énorme de déchets dans le bâtiment et la rénovation, il décide de revaloriser ce matériau noble destiné à être jeté. Ce Stéphanois d’origine, arrivé en Savoie en 2010 pour rejoindre son épouse, et ancien ingénieur en génie-mécanique, s’est en effet reconverti en menuisier suite à un licenciement économique. Toucher du bois, c’est déjà quelque chose qu’il faisait par passion sur ses temps libres, désormais il en fera son métier. Après un CAP de menuisier en alternance aux Compagnons du devoir à Grenoble, il réalise son apprentissage dans une entreprise aux Marches. “Je me suis aperçu que dans la rénovation, on retrouvait les mêmes travers qu’en industrie : une production énorme de déchets. Par exemple, les portes et fenêtres en bois remplacées par du PVC partent en déchèterie alors qu’il s’agit d’essence de bois noble. Cela ne m’a pas plu du tout ! J’ai alors commencé à récupérer ce bois pour en faire du petit mobilier…

LA RÉCUP EST PLEINE !

La graine est plantée, il lance alors en octobre 2017 son activité sous le nom API-R Bois (Atelier Participatif Ingénieux de Recyclage Bois) et rejoint Cabestan, une SCOP (société coopérative) qui mutualise les moyens (ressources humaines, comptabilité, service juridique…) pour différents entrepreneurs du bâtiment. Une opportunité qui lui a permis de se lancer en partageant des chantiers avec d’autres entrepreneurs de la coopérative. En novembre, il participe à «Dimanche de Récup» organisé par la ville de Chambéry. “L’objectif était de trouver des solutions zéro déchet dans tous les domaines. J’ai présenté quelques réalisations représentatives de ce qu’on pouvait faire avec du bois considéré comme déchet : un meuble de chevet fabriqué à partir d’un volet cassé et un ancien berceau en bois transformé en rocking-chair. Suite à ce salon, je suis reparti avec mes 30 premiers clients !” Depuis, Pierre ne chôme pas et propose aux particuliers, comme aux professionnels, des agencements et du mobilier en y intégrant le plus possible de matériaux surcyclés.

ROI DES BOIS

Je vais collecter mes matériaux sur des chantiers avant démolition et j’achète aussi via les Chantiers Valoristes qui ont créé une Matériauthèque dans les anciens locaux du cafetier Folliet. Les particuliers aussi m’en proposent avant la déchèterie. Cela me fait un petit stock que j’affine en fonction des projets.” Maîtrisant parfaitement toutes les phases de la conception à la fabrication et la pose, Pierre essaye toujours d’être militant et de sensibiliser ses clients au réemploi du bois. “J’aime qu’on arrive à identifier l’origine du bois, garder la patine des anciens meubles, ajuster différentes essences pour avoir des contrastes… Ce sont des réalisations sur-mesure, qui ont une âme avec des matériaux qui ont déjà eu une première vie, une histoire… comme le meuble de mercerie que j’ai fait pour la recyclerie de Pontcharra sur une base de plein de tiroirs différents.

BIG UPCYCLING

Aimant également allier le bois au métal, il coopère avec Nicolas Fenestraz de Freewind Custom, rencontré lors de ce fameux dimanche de récup il y a 4 ans. Lui, son truc, c’est le métal : il en récupère pour détourner des objets, des luminaires, des étagères… et les piétements des tables de Pierre. Dans une de leurs dernières réalisations, Nicolas a intégré des pièces de vélo dans les pieds de la table tandis que Pierre a récupéré du parquet en chêne pour le plateau et travaillé des motifs végétaux en marqueterie.
Passionné de nature, de rando, de parapente, de musique… Pierre s’est aussi beaucoup investi dans une association pour redynamiser le quartier de la vieille ville de Montmélian. “Du 4 au 12 décembre, Quartier d’Artistes de Montmélian est un événement où les boutiques vides sont réinvesties par une trentaine d’artistes différents qui proposent des expos-ventes, des démos, des concerts, des shows graff…” Car finalement, tout peut être upcyclé, même une vieille boutique !

+ d’infos : http://api-r-bois.fr

DESIGN : NG DESIGN

DESIGN : NG DESIGN

COUDS DE GRÂCE

Chez Grégory Nicolas, pas de mannequins, mais des meubles, lampes, horloges et objets du quotidien qui s’habillent de cuir pour un défilé d’élégance. Touché par cette matière d’exception qu’il travaille à la perfection, il réinvente un art aussi esthétique qu’audacieux…

550 heures. C’est le temps qu’a passé Grégory à concevoir sa dernière création, ou plutôt devrions-nous parler d’œuvre d’art ! Passionné de musique et de hifi, il a ainsi entièrement gainé de cuir blanc une paire d’enceintes : “Les éléments datent de 1870 : le gros pavillon en bois à 10 cellules a été fabriqué par un luthier allemand et repose sur une boîte d’1m10 de hauteur. Tout a été recouvert de cuir, cousu à la main… et je ne parle pas du travail sur la mise au point du son, je suis bien à 1000 heures de travail !” Bref, quand Grégory crée, il ne compte pas ! Son objectif : faire de ses enceintes les meilleures du monde, tout simplement, et peut-être les commercialiser un jour…

NO PAIN, NO GAINE

Sa passion pour le cuir, c’est un peu une histoire de famille. Son père a travaillé 42 ans chez Hermès, sa tante aussi… Il passe alors son CAP de sellerie-maroquinerie en 1995 dans la seule école qui permettait de rentrer dans la prestigieuse société. Il y fait ses débuts à l’atelier ceinture, puis se spécialise dans le crocodile, sa matière de prédilection.
Quelques années plus tard, il passe au bureau d’étude où il participe à deux défilés Jean-Paul Gaultier pour lesquels il conçoit des casquettes en cuir et gaine une raquette de tennis très remarquée.
Un coup de cœur pour la Savoie plus tard, il s’y installe et rejoint une filiale d’Hermès à Aix-les-Bains.
Après 21 ans d’investissement mains et âme, il décide de faire une pause. Cela tombe bien car il est devenu papa ! Après cette expérience de père au foyer 2 ans durant qu’il a adorée, il crée son entreprise NG Design et devient dessinateur-designer-styliste-vendeur pour sa propre ligne d’articles de maroquinerie : lampes, porte-bouteilles, meubles… Ah, oui ! Entretemps, il a aussi travaillé 6 mois pour une princesse du Qatar à Paris : “C’était une ambiance originale, je travaillais dans son appartement. On devait monter un atelier sur Paris et lancer sa ligne de maroquinerie, mais finalement cela ne s’est pas fait…

TOUCHER JUSTE

Au départ, Grégory a bien sûr commencé avec des réalisations plus classiques, mais petit à petit, il a imaginé des montages et des procédés de fabrication qui n’existent nulle part ailleurs, tout en choisissant méticuleusement ses matières premières. “Pour mes meubles en chêne massif, la seule essence qui ne bouge pas dans le temps, je me suis entouré d’un menuisier-ébéniste, compagnon du devoir qui a 20 ans de savoir-faire. Mon cuir vient d’une tannerie qui fournit Hermès, c’est du premier choix, d’une qualité et d’une main exceptionnelle.” C’est de ce cuir qu’il a entièrement gainé, extérieur comme intérieur, une autre de ses plus belles réalisations : un meuble cabine où la couture visible passe sous le cuir pour le souder définitivement sur l’objet, pour toujours plus de sophistication et de durabilité. “Depuis 27 ans, la plus grande difficulté est d’imaginer ce qui n’existe pas. Aujourd’hui, je n’ai pas de concurrent, on ne fait plus de meubles en cuir depuis une trentaine d’années… ou c’est du made in China, très grossier ! Mes clients sont des amateurs de jolies choses, attachés au fabriqué en France, ou des passionnés d’art.” Sous les mains de Grégory, toujours prêt à en découdre, les objets du quotidien deviennent ainsi de véritables œuvres d’art, uniques et touchantes.

+ d’infos : http://ngdesign-france.fr

Photos : Julien Bosredon

design : bertille laguet

design : bertille laguet

LE RÉVEIL DE LA FORGE

Je suis ton fer…” a dû lui souffler une pièce de métal, la première fois que Bertille Laguet l’a prise en main. Installée sur les bords suisses du Léman, cette jeune designer au caractère (en acier) bien trempé va donc au charbon depuis 4 ans.

Bertille Laguet n’est pas du genre à avoir un plan de carrière. Si c’était le cas, elle ne serait pas passée par la case prépa scientifique ENS Cachan, la voie la plus pointue -en vue de devenir prof de design- pour façonner du métal en fusion. Elle n’est pas complètement marteau. Elle a même l’air plutôt sérieux… Jusqu’au moment où son œil vert taquin et ses boucles joyeuses révèlent la petite Bertille qui est en elle. “Je suis originaire du Jura, le pays du jouet, je pense que cet aspect ludique est toujours ancré en moi.” Pour preuve, «Safari», son tout premier projet de design à l’Ecole Cantonal d’Art de Lausanne (ECAL) qu’elle rejoint, un joyeux bestiaire coloré aux corps de mousse et squelettes de métal. “Alors que je ne suis pas du tout manuelle à la base, j’ai été une des seules à tout faire moi-même, à tordre mes bouts de métal –déjà-, on m’appelait «la petite entreprise».
Si elle avait eu un plan de carrière, Bertille n’aurait peut-être pas non plus étudié l’électronique et les sciences de l’ingénieur pour faire du design. A une élève brillante, on propose des voies scientifiques, “mais le dessin et la créativité me manquaient trop…”. D’où la prépa, puis l’ECAL, raconte-t-elle, assise sur une Cesca de Marcel Breuer : “mes parents ont toujours eu des objets iconiques. Avec cette chaise, petite, je me faisais des cabanes. Ses tubes et son cannage symbolisent parfaitement mon parcours, entre design industriel et artisanat.

BACK TO BLACK

Après Boris l’hippopotame, Olga la girafe et Ernest l’éléphant, entre fin de diplôme et premiers mandats professionnels, la trentenaire nourrit un certain penchant pour le noir, dont elle analyse les pigments, la texture. Elle fait aussi un premier détour par les fourneaux, dans la fonderie pour laquelle travaille son père : “souvent, ce sont les processus de fabrication eux-mêmes qui m‘inspirent, pour la fonderie par exemple, ça n’a aucun sens de faire des formes carrées, sinon on soude.” Il en ressort différents objets, arrondis donc, comme un miroir et un banc en série limitée, ou un radiateur qui lancera la marque Gris Fonte. Pour l’ensemble de ce travail, elle reçoit le Swiss Design Award. Mais en 2018, la fonderie fait faillite. De toute façon, Bertille ne se voyait pas gérer une marque de radiateurs toute sa vie, elle s’interroge aussi sur son métier de designer, sur la difficulté d’en vivre et toute la logique de consommation de masse à laquelle il est lié.
Depuis quelques mois déjà, elle va chaque semaine à Chexbres, petit village en plein Lavaux, voir le ferronnier d’art Philippe Naegel, “comme d’autres iraient au foot ou à la piscine”. Le forgeron lui donne de son temps, elle lui en donne aussi, jusqu’à ce qu’il la mette au pied du mur : “Il m’a dit :Tu es tout le temps dans mes pattes, alors décide-toi ! Le challenge, c’était d’apprendre avec quelqu’un de bourru qui pensait que je n’y arriverais pas… Mais c’est agréable de faire quelque chose de manuel et au bout d’une année, je me suis fait prendre par le métier”. Elle s’installe donc dans l’atelier et en rachète le matériel. Dans cette nouvelle configuration, elle maîtrise toutes les étapes de la production de ses objets, ce qui n’est pas pour lui déplaire.

FONDUE DE MÉTAL

La Vaudoise d’adoption décroche ensuite une bourse qui lui permet de se consacrer à 95% à sa nouvelle activité, de fusionner avec sa matière. “Le métal, c’est re-formable à l’infini, ça ne casse pas comme le verre et on n’enlève pas de matière comme avec le bois. C’est aussi très sensible, on travaille la couleur, du blanc au rouge en fonction de la température, sans thermomètre, plutôt à l’œil. Et on a une main sans cesse en contact avec, c’est comme un prolongement de son corps, il devient chaud, puis se tord, se rigidifie… Il a une vie”. Elle, qui a commencé à apprendre le swing à peu près en même temps que la forge, compare les deux, dans leur rapport au corps et au tempo. “Dans la forge, on travaille au son de l’enclume, au rythme du marteau, c’est très physique, mais très subtil aussi. Evidemment, on peut taper comme un bourrin, ou taper «juste», donc moins”.
Artiste, artisan, designer, Bertille est tout à la fois, c’est sa force. Mais, ne rentrer dans aucune case à 100 %, c’est aussi sa faiblesse : “ça pose parfois des problèmes aux gens en face de moi…” Qu’importe, elle n’a même pas eu besoin de ça pour se forger un caractère. Et pour ce qui est du chemin à suivre, elle ne se considère prise dans aucun étau : “après avoir été forgeronne, alors que je ne savais pas ce que c’était il y a 5 ans, je suis ouverte à tout ce qui peut se présenter…” Si Bertille Laguet avait un plan de carrière, ça se saurait…

http://bertillelaguet.ch

VISITE DE MAISON… DE PIERRE

VISITE DE MAISON… DE PIERRE

COLOC DE RÊVE

Un château du 18e siècle cabossé sur un domaine abandonné. Comment tout ça s’est transformé en une copro 5 étoiles, à une trentaine de minutes de Lyon et de sa place Bellecour? Laissez-nous vous raconter.

Du domaine tel qu’on l’imagine, il a tout : le château, l’orangerie, la chapelle, la forge, les écuries, le pigeonnier, le potager. Y compris la forêt enchantée qui le garde. Les héritiers de ce château de la couronne de Lyon ont bien tenté de le conserver dans la famille, mais la demeure construite en 1739 a trop longtemps été livrée à elle-même. Un arbre y a même pris ses quartiers, jusqu’à rendre convertible une partie de la toiture… La petite merveille étiquetée «monument historique» est mal en point et la somme pour la remettre en état, trop rondelette. Une société spécialisée rachète donc la propriété, restaure toiture, charpente et façades convalescentes à l’identique en se basant sur des photos anciennes. Avant de revendre le tout divisé en trois plateaux nus.

You’ve got a match

Quand nos propriétaires découvrent les lieux, deux lots ont déjà trouvé preneurs. Par son caractère atypique, le troisième sème la perplexité jusque-là chez les visiteurs, qui ne savent par quel bout prendre ces anciennes écuries, celles où les châtelains accédaient à leur calèche pour leurs allées et venues : un espace de 180 m2 entièrement ouvert présentant une succession de voûtes et une hauteur sous plafond peu communes. Mais Bérénice Baccam-L’Herbette a l’œil et les nerfs aguerris par 10 ans d’exercice comme architecte d’intérieur. Le sol en terre battue, les pierres telles qu’elles ont été posées à l’époque, la simple arrivée d’eau et d’électricité, même pas peur ! Sa famille y sera très bien. Le jour de la visite, l’affaire est conclue.

Clairement envoûtant

Sur les plans d’aménagement proposés chez le notaire au moment de la signature, il est suggéré de sacrifier une des voûtes pour y implanter l’escalier menant aux futures chambres. L’ingénieur structure prévient : vous en supprimez une, vous supprimez les quatre puisqu’elles s’auto-soutiennent. Logique. De toute façon, Bérénice a déjà tout prévu pour les mettre en valeur. Sol en béton ciré où se planque une petite jungle de tuyaux et de fils dont ceux du chauffage pour laisser les murs à leur pureté, sans radiateur, éclairages par le bas pour magnifier les plafonds en demi-lune. Même la teinte du béton a été mûrement réfléchie. Après plusieurs essais, Koya Archictecture élit un terracotta faisant le plus ressortir la beauté naturelle des pierres.

T’as vu où tu trémies ?

La trémie permettant d’accueillir l’escalier qui conduira à l’étage, créé de toutes pièces, a donc été positionnée au seul endroit possible pour conserver les voûtes. Les marches suspendues, des pas japonais qui semblent flotter, débouchent sur le bureau ouvert de la Lyonnaise formée à l’ESAIL. Ce dernier distribue d’un côté les deux chambres d’enfant avec salle d’eau partagée et de l’autre, la suite parentale. En bas, hors de question que l’espace à vivre soit axé autour de la télé. Non mais ! Elle est priée de se faire oublier dans un meuble sur mesure, qui abrite aussi un vestiaire. Tout ce qui est disgracieux ou utilitaire rallie des rangements intégrés.

Ce n’est pas la taille qui compte (mais un peu quand même)

Le château étant classé, impossible d’agrandir les ouvertures. Qu’importe, Bérénice a l’impression de mieux profiter des vues qu’il faut aller chercher, mériter. De plus, les petites fenêtres cadrent des détails à la manière de tableaux. Ici, un arbre, là, une aile du château. Ça en jette. 
Pour amener autrement de la luminosité, l’archi d’intérieur a imaginé un dégradé chromatique allant de murs rose pâle à l’orange éthéré, puis plus franc. Aux pièces moins bien exposées, les tonalités plus claires. “Le camaïeu limite le contraste abrupt d’un espace à l’autre, et tisse une ambiance enveloppante”. En revanche, par rapport aux constructions contemporaines dont les murs en moellons laissent tout passer, les parois affichent 1m20 de tour de biceps. Autant dire que du piano ou des fêtes, rien ne filtre. Le château-coloc 5 étoiles jouit en outre d’une cour intérieure où les marmots de la maisonnée s’en donnent à cœur joie, à l’abri des voitures et presque du tumulte du monde. 

Photos : Sabine Serrad

Barbec chic avec Aluvy

Barbec chic avec Aluvy

C’est l’alu !

Porte des Bonneveaux, à quelques pas de Bourgoin Jallieu, ainsi fond l’alu chez Aluvy ! Qu’on soit team Marcel ou team Lulu, pas de bévue, il y en a pour tous les goûts… Des barbecues ! 

Lulu est plus haut, plus rapide et marche au gaz. Marcel, plus petit, plus long, et tout au charbon. Mais qu’importe la taille, qu’est-ce qu’ils sont canons ! Imaginés sur l’idée d’un Bento japonais, on les distingue par des p’tits pieds en X, un design rassurant, des couleurs pop qui dépotent, révolution sans nom de l’instant grillade à la maison. Et quelle idée ! “On voulait faire différent des autres, plus esthétique et moins genré homme ! Alors on s’est adressé aux femmes en travaillant un produit déco, en donnant des noms, permettant à chacun de se projeter”, explique Jean-Pierre Cauchy, à la tête  d’Aluvy. Malin ! 

Chauffe Marcel !

Quand l’idée pleut, il vient de vendre sa société. On est en plein confinement et Paul, voisin et ami, à une idée derrière la tête. “Paul Marino et Hugo Texier, aujourd’hui mes associés, ont repris Aluthéa, une fonderie aluminium, voilà 6 ans. Ils achètent de l’aluminium en lingot, le fondent et avec la matière en fusion, font n’importe quelle pièce. Moi, je viens du digital, plutôt rien à voir avec l’industrie, mais quand Paul m’a expliqué leur volonté de créer une marque propre, sans trop savoir comment, j’ai relevé le défi !”

©Aude Lemaitre

Idée Lulumineuse 

Ils parlent meubles d’extérieur, puis barbecue. L’idée est choisie, en septembre 2020, ils déposent Aluvy. Le concept ? Ils ne fabriquent qu’à la demande, font tout, du dessin à la réalisation, et si quelques pièces passent par la sous-traitance, c’est only made in France. “On essaie de ne pas avoir de stock. On produit à la commande et on envoie le plus vite possible. C’est un vœu pieux, mais on assemble tout ici !” Et quelle reconversion pour Jean-Pierre. Parce qu’à l’usine, ça ne plaisante pas. Des moules en veux-tu en voilà, des machines et des outils partout, de la vapeur et des 400 degrés dépassés, c’est de l’artisanat, du vrai ! Mais il se fond dans la masse, c’est une affaire qui matche !

Sam dit bien !

Sun flower, piment, cuir, ou aquasplash, Lulu et Marcel sortent des tuyaux en avril 2021, déclinés en 8 couleurs tendance qui mettent les extérieurs en transe. Plancha, dôme de cuisson ou grille tradi’, il y en a pour toutes les envies. Et comme jamais deux sans trois, c’est un p’tit nouveau que voilà. Le 15 septembre prochain, Sam grillera vos marshmallows… Et olé, un brasero !

+d’infos : http://aluvy-design.com

Archi discrètes

Archi discrètes

Le toit dans l’œil

Symbiose, mimétisme, voire même camouflage, l’intégration de la construction dans son environnement est une préoccupation majeure des architectes. Si elle les contraint parfois, elle peut aussi les inspirer incroyablement… Entre nature et structure, coup d’œil sur quelques toits à effet « wouah ! ».

LA MAISON SUR LA CASCADE (ci-dessus)
FALLING WATER, USA – FRANCK LOYD WRIGHT – 1939

Voilà LA référence ! Certains connaisseurs l’appellent même la maison la plus célèbre du monde, celle qui aurait révolutionné la conception en matière d’implantation d’une habitation sur un site naturel. Au début des années 30, quand le richissime homme d’affaires de Pittsburgh, Edgar Kaufman contacte Franck Loyd Wright, il désire une maison de vacances en pleine nature, avec vue sur la cascade de Bear Run. Mais en visitant les lieux, l’architecte repère un bloc de roche émergeant de l’eau et décide de poser la maison dessus. Sans aucun travail de terrassement, pour laisser une empreinte humaine minimale, la maison est donc construite comme un arbre et ses branches, soit une tour centrale avec des pièces en porte-à-faux qui gravitent en terrasses autour. Béton couleur ocre et parements en pierres irrégulières participent à son intégration dans le paysage. A l’intérieur, on entend la cascade, mais on ne la voit pas. Le vrai point de vue, c’est la maison elle-même, dont l’eau semble jaillir. © Courtesy of Western
http://fallingwater.org

LA MAISON BULLE FRANCE
PASCAL HAÜSERMANN & CLAUDE COSTY – 1968

Au diable les angles, les saillies, les arêtes ! Abolissons les règles ! Dans les maisons imaginées par le couple suisse Pascal Haüsermann-Claude Costy au début des années 60, tout est donc rond. Inspirées de l’architecture organique, qui cherche à réconcilier l’habitat et le monde naturel, leurs bulles proposent en effet une expérience de vie totalement différente des habitations traditionnelles. Le mobilier lui-même est souvent intégré à la structure, comme c’est le cas dans le cocon qu’ils se sont fabriqués à Minzier (74) : l’âtre de la cheminée, certaines assises et les lits en alcôve de la chambre des enfants font corps avec les murs en voile de béton projeté, pour un ensemble lunaire, à mi-chemin entre la science-fiction et l’imaginaire enfantin.
http://maison-bulle-minzier.fr

la maison trou
SUISSE – BJARNE MASTENBROEK (STUDIO SEARCH) & CHRISTIAN MÜLLER (CMA) – 2009

A côté d’un prix Pritzker -l’équivalent du Nobel, en archi-, on se sent à peu près aussi intéressant qu’un ver de terre. De là à creuser son trou, il n’y a qu’un excès d’humilité ou idée de génie ! Dans le voisinage direct des thermes de Vals (Grisons), dessinés en 1996 par le Bâlois Pritzkerisé Peter Zumthor et considérés comme un chef-d’œuvre de l’architecture moderne, Christian Müller a donc creusé sa villa. L’objectif : ne pas gâcher la vue pour les bains et s’intégrer complètement dans le paysage, pour laisser la nature intacte. L’entrée se fait donc discrètement par un tunnel, qui part d’un mazot traditionnel situé en contrebas. Mais l’analogie avec la vie de lombric s’arrête là, une fois à l’intérieur, tout n’est que luxe, design hollandais et modernité.
villavals.ch

LES MAISONS PERCHOIRS
ROOST & TRINE – ANTONY GIBBON

Hybrides entre la cabane de notre enfance et le village des Ewoks sur la planète Endor, les perchoirs imaginés par le designer britannique Antony Gibbon s’accrochent aux troncs des arbres ou affleurent de la canopée. Son objectif : la recherche d’harmonie entre chacune de ces structures et leur habitat naturel. Pour un camouflage efficace, leur dessin imite donc les formes organiques existant dans la nature, de gigantesques bulbes au sommet d’une longue tige. Au cœur de cette tige, l’escalier central, qui achemine non seulement les habitants vers les pièces en hauteur, mais doit également permettre d’alimenter l’ensemble en eau et en énergie. Des passerelles relient ensuite les différents espaces de vie, dont la construction en matériaux durables évidemment, est prévue pour n’endommager la forêt environnante d’aucune manière. La version «Trine» est actuellement en développement aux Etats-Unis.
antonygibbondesigns.com

LA MAISON MIROIR
ÖDHOUSE, ESTONIE – ANDREAS & JAAK TIIK

Voir sans être vu, ou quand la glace sans tain quitte le monde judiciaire et celui des thrillers pour prendre l’air et devenir maison. L’idée vient de deux frères estoniens qui cherchaient autre chose qu’un spartiate abri de chasse ou une grosse cabane en rondins pour passer la nuit en pleine nature. Leur concept ? Une pièce de 20m2 organisée autour d’un grand lit, avec une petite kitchenette et une salle de douche, dans une boîte rectangulaire dont trois façades sont en verre à effet miroir. Reflétant la forêt qui l’entoure, les remous de l’eau au bord de laquelle il est posé ou l’immensité du ciel, cet abri cosy devient quasiment invisible. A défaut de s’intégrer physiquement dans le paysage, il joue la carte du mirage…
ood-france.com

LA MAISON HORIZON
CASA HORITZO, ESPAGNE – RCR ARQUITECTES – 2003

Vivre dans une boîte métallique ? Il y a des perspectives plus emballantes : comme vivre dans onze boîtes métalliques ! Mais extrêmement spacieuses, en acier corten marié à de larges baies vitrées, dont la ligne modifie à peine celle de l’horizon. A l’origine du projet, la cheffe catalane doublement étoilée Fina Puigdevall, qui rêvait d’une maison isolée, proche de la nature, dans le parc naturel de la zone volcanique de la Garrotxa. Et plutôt que de l’implanter au milieu de son vaste terrain, les architectes ont profité d’un remblai pour l’encastrer à flanc de coteau, poser ses fondations au bord de la ligne de crête, entre deux niveaux, deux champs, deux points de vue dont les Pyrénées. Semi-enterrée, mais en hauteur, elle est à la fois ancrée et aérienne, végétale et minérale, industrielle et rurale. En se corrodant, l’acier prend des tons cuir, qui, associé aux différentes plantations, aux pierres et à l’étang sur lequel donne la pièce de vie, permet à l’ensemble de se fondre dans le paysage. © Gino Giampaolo
rcrarquitectes.es

©Nic Lehoux

LA MAISON AU MILIEU DES ARBRES
TREE HOUSE, COSTA RICA – TOM KUNDIG – 2019

Vous avez une planche de surf sous le bras, un coin de forêt tropicale à portée de main et des préoccupations environnementales? Cette cabane est faite pour vous. Le luxe de cet abri épuré -outre la vue sur Playa Hermosa, l’une des plus belles plages du Costa Rica- c’est la jungle environnante : rez-de-chaussée en plein cœur du tapis forestier, 1er étage dans les arbres et dernier au-dessus de la canopée. Et pour ne pas faire tâche au milieu de cette masse végétale, structure et cloisons sont entièrement construites en teck local. Ces dernières font d’ailleurs office de baies vitrées… sans vitre, sur les 1er et dernier niveaux, qui restent ouverts aux éléments. A la manière de gigantesques stores, en effet, leurs lattes pivotent pour permettre à la maison de respirer ou de préserver l’intimité de ses hôtes. Une telle «passoire thermique» sous nos latitudes, ça paraît plus risqué…
olsonkundig.com

Pin It on Pinterest